La prochaine fois sera la bonne !
16 janvier 2018 - Fanahy gasyNo Comment   //   2181 Views   //   N°: 96

« Indray mandeha no maty vary, koa handevon-tsotrobe » peut se traduire par « Si on n’a pas réussi la récolte de riz, ce n’est pas une raison pour enterrer la louche ». Vous trouvez ça louche ? C’est pourtant ce qu’a dit en d’autres termes le grand Einstein en personne : « Il n’y a pas d’échec, il n’y a que des abandons… »

J’imagine que bon nombre de compatriotes vont relever qu’il y a une faute dans ce dicton : on dit plutôt « manta vary », traduction de « riz mal cuit », que « maty vary » qui désigne une « récolte de riz compromise. » En réalité, c’est bien cette seconde expression qui s’avère l’authentique version des Ntaolo (Anciens). On peut d’ailleurs en démontrer la pertinence. Après une mauvaise saison, on n’aura pas de riz à cuire pendant un certain temps, des semaines voire des mois, et ce jusqu’à la prochaine récolte. La louche à riz risque donc d’être inemployée durant un long moment et même d’être oubliée dans son coin. Certains, de dépit, seront même tentés de l’enterrer, comme le dit le dicton. En revanche, le problème du riz mal cuit peut se solutionner facilement, il suffit de le remettre à l’eau un peu plus longtemps, il serait donc absurde d’enterrer la louche.

Comme tout le monde le sait, le riz est la principale nourriture des Malgaches, et cela avant même l’époque du roi Andrianampoinimerina au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Comme aujourd’hui, il suffisait de n’importe quelle fantaisie de la nature pour que la récolte soit compromise : de la grêle, un cyclone, une inondation et c’était la catastrophe. C’est ce qui a d’ailleurs amené les deux prestigieux rois de l’Imerina, Andriamasonavalona et Andrianampoinimerina, à construire des digues qui longeaient les grandes rivières comme l’Ikopa sur des dizaines kilomètres. Ces mêmes digues qui protègent encore Antananarivo. A souligner qu’ils les ont fait faire sans bulldozers ni outillage conséquent. A la main, toute la population paysanne réquisitionnée, un peu comme pour les grandes pyramides d’Égypte. On peut se demander combien de tels travaux coûteraient actuellement. Des milliards et des milliards d’ariary, dépendant comme toujours de la bonne volonté de quelques bailleurs de fonds étrangers.

Naturellement comme tout proverbe, on peut transposer ce dernier à bon nombre de situations de la vie courante. Par exemple, pour un écolier ou un étudiant : si on a raté son examen pourquoi mettre ses livres et ses cahiers au placard alors qu’on pourra toujours se rattraper l’année prochaine ? Moralité : ne pas se décourager si on a raté une fois son entreprise, car la prochaine sera la bonne. Ou comme le dit encore ce proverbe agreste : « Ceux qui se découragent ont tort, le monde refleurit toujours, le tout est de survivre aux orages ». Survivons, mes amis, survivons !

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