Ordre des Journalistes de Madagascar : En toute indépendance ?
6 novembre 2020 - TribuneNo Comment   //   2286 Views   //   N°: 130

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En sa qualité d’autorité morale ayant le devoir d’organiser et de réguler la profession, l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM) est le dernier rempart de toutes les décisions qui concernent le journalisme. Malheureusement, cette noble mission gêne le ministère de la Culture et de la Communication (MCC) puisque l’OJM est en mesure de contester toute volonté qui nuit à la profession. C’est ainsi que nous nous mettons toujours en première ligne pour contrôler toute modification de loi sur la communication médiatisée, celle qui régit notre métier. Sur ce point, nous avons été écartés du processus au dernier moment et le MCC a changé les dispositions qui concernent l’OJM. On s’est battu pour ce que ces dispositions, à l’instar des autres ordres professionnels, soient stipulées par voie réglementaire mais le MCC a forcé la donne pour l’intégrer dans la loi.

Nous savons que pour modifier une loi, il faut tout un processus qui prends du temps, voire des années. Le MCC a modifié certains articles qui régissent l’OJM, une façon de nous verrouiller dans l’optique d’avoir la mainmise sur la future configuration de l’OJM. Ainsi, pour se présenter candidat à la présidence de l’OJM, il faudrait avoir une pléthore de 88 candidats vice-présidents et conseillers (par région et avec des suppléants) à travers un mode de scrutin à liste unique bloquée et sans panachage. Le MCC confond vraiment l’OJM avec un parti politique et la velléité de politiser l’OJM est flagrante. Dans les autres ordres professionnels, ce schéma n’existe pas. À notre avis, l’État à travers le MCC veut maitriser le journalisme, son emprise et dans ce sens, un retour à la censure n’est pas à écarter.

Oui, le président de l’OJM a participé aux différents ateliers de consultation dans les chefs-lieux de province en vue de modifier certaines dispositions de la loi 2016-029 du 24 août 2016 que l’actuelle ministre a jugée « liberticide ». Et même, la mouture de cette loi, modifiée avant son adoption au Conseil du gouvernement et aux parlements, a été remise de manière officielle au Carlton Anosy au mois d’août 2019. La ministre a déclaré pendant cette cérémonie « qu’elle ne rectifie pas le contenu de ce recueil et a juré qu’elle fait tout pour défendre ce projet de modification (contenant neuf points) aux parlements ». Nous tenons à signaler qu’aucun amendement sur la composition et organisation de l’OJM n’a été discuté durant les sessions de consultations en provinces. Grande fut notre surprise lorsque le texte est devenu loi et que plusieurs dispositions ont été modifiées dont les articles sur l’OJM.

Ainsi, nous contestons la loi n°2020-006 modifiant certaines dispositions de la loi 2016-029 récemment promulguée. La ministre a abusé de sa fonction et de sa « position dominante » pour travestir ce qui a été convenu. « Ce qui a été concocté sans nous, est contre nous ». Ainsi, aucun des membres de l’OJM, n’a eu connaissance de la version finale du projet de modification soumis aux parlements pour adoption, même si nous l’avons demandé à maintes reprises, ne serait-ce que pour information. Elle a inséré à notre insu (on ne sait pas à quelle étape de l’adoption jusqu’à la HCC) ce fameux article 55 « nouveau » modifiant la composition du bureau de l’OJM et le mode de scrutin pour l’élection du nouveau membre de bureau. En outre, dans ses dispositions transitoires (art. 203) le ministère a mis fin unilatéralement au mandat du bureau de l’ordre actuel, alors que l’OJM est le noyau de la commission paritaire de délivrance de la carte d’identité professionnelle des journalistes.

On laisse libre le MCC d’octroyer la carte de presse professionnelle des journalistes. C’est d’ailleurs ce que l’actuelle ministre a toujours voulu. On verra la suite…

Nous, membres du bureau de l’OJM, nous pensons que l’indépendance et la liberté du métier est en danger et nous enclenchons le signal d’alerte. Nous sommes certains que les journalistes avec l’ensemble de l’opinion publique prendront conscience de ce danger et permettront au corps du métier d’envoyer un signal fort auprès des autorités pour que ces dernières rectifiernt cette entrave à l’indépendance et la liberté du métier de journaliste. Nous n’avons jamais pris le ministère comme notre ennemie mais plus comme un partenaire. C’est le ministère qui nous a exclus du processus qui a conduit à la situation actuelle. Notre seul est unique objectif est de promouvoir le métier et l’unité du corps des journalistes.

Ordre des Journalistes de Madagascar

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