#MajupeMondroit et tralala
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Jeudi 11 avril dans la matinée, le ministère de l’Éducation nationale balance sur sa page Facebook une publication très controversée. Le même jour, vers 15h 30, le hastag #majupemondroit.est lancé. Très vite suivi par de nombreuses femmes. Le mouvement Nifin’Akanga en fait un vrai challenge.
Dimanche 14 avril matin, la bataille est gagnée. Le Ministère de l’éducation nationale sort un communiqué pour présenter des excuses. Une grande première à Madagascar car il semble que le mouvement #majupemondroit.soit le premier à avoir livré une telle bataille à coup de hastag et avoir fait des vagues en haut lieu.
Grâce à la grosse boulette du service de communication du ministère, grâce à leur perception machiste de la femme, grâce à cette publication honteuse, le hastag #majupemondroit.est né.
Plus que ça, nous avons enfin parlé de vrais sujets de société : la culpabilisation à outrance de la femme malgache, les préjugés, le viol, etc. Retour sur l’affaire pour ceux qui ne voguent pas sur les eaux de Facebook et de Twitter.
Le jeudi 11 avril, donc, sur la page Facebook dudit ministère apparait le dessin d’une jeune femme, cheveux bruns, du rouge à lèvres et un vernis à ongle rouge. Jeune femme dans une robe verte décolletée assez courte ou soulevée pour qu’on puisse voir ses cuisses et ses fesses. Le post qui allait avec disait : « les vêtements simples et sages que portent les jeunes filles diminuent les besoins diaboliques des hommes qui aiment les violenter. Il est donc du devoir des parents de montrer et mettre leurs filles sur le droit chemin pour les éloigner des vêtements qui incitent (les hommes) et qui les dénudent ».
Tollé d’indignations nationales et internationales. Si une femme se fait violenter, violer, harceler par un homme : c’est la faute de ses vêtements, celle de ses parents. Ce ne serait nullement celle de l’agresseur. Une fois de plus, le coupable est la femme qui fait voir son corps, porte des vêtements aguicheurs qui agressent l’agresseur et l’incite à aller planter son malheureux pénis entre les cuisses d’une… nonne. Mais pourquoi elle a mis une soutane ce jour-là où un pervers en souffrance n’avait rien à faire de sa journée ?
#majupemondroit. le challenge consistait et consiste à se vêtir du vêtement qui vous exprime le plus (de préférence une jupe ou une robe), de faire un selfie et de le poster sur les réseaux sociaux. En signe de ras-lebol du machisme et des jugements mal placés à l’égard de nos accoutrements féminins. Le mouvement Nifin’Akanga qui a lancé le défi invitait les femmes à écrire en commentaire : « Ma jupe, mon droit. Sa braguette, son problème avec la loi. Mon corps, mon droit. Mon utérus… pas ta décision ! » De Madagascar en Afrique du Sud, des États-Unis en Europe le mouvement prend de l’ampleur. Le hastag est utilisé par de nombreuses personnes dans le monde entier pour exprimer leur ras-le-bol et leur soutien aux femmes malgaches.
En effet, la culture du viol, de l’inceste et toutes les formes de violences physique, psychologique et économique sur les femmes et filles restent fortes à Madagascar. La culpabilisation est viscéralement inscrite dans la société où le problème est déplacé sur la longueur de la jupe et non l’éducation, la responsabilité des harceleurs et des pervers.
De nombreux sujets restent tabou à Madagascar surtout quand cela touche les droits et la liberté de la femme. Ces sujets sont noyés pour qu’on ne les crie pas trop fort. Il y a parmi eux la question épineuse du droit à l’avortement sécurisé et légal. Il faut préciser que Madagascar a fait un horrible bond en arrière. Depuis fin 2017, l’avortement même en cas de viol, inceste et grossesse à risque fatal pour la mère n’est plus autorisé. La femme n’a pas son mot à dire même si la grossesse qu’elle porte risque de la tuer. #majupemondroit. un mouvement qui n’est pas près de s’arrêter.
Mbolatiana Raveloarimisa
Porte-parole du Mouvement Nifin’Akanga
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