C’est vous qui le dites

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Mamy Nohatrarivo : neuf vies comme les chats
J’apprends depuis Maurice le décès de mon vieux Mamy Nohatrarivo que j’ai eu le bonheur de pratiquer dans les années 2000 comme rédacteur en chef de l’Express et de l’Hebdo de Madagascar puis à no comment ® dont il a été une des plumes via sa chronique « Fomba ». Dandy débraillé, ongles peinturlurés à la nicotine, il aura préféré rire de ses contemporains plutôt qu’en pleurer, ce qui est la sagesse même ! J’espère que sera éditée un jour l’autobiographie (« Le complexe du pélican ») qu’il avait écrite pour no comment ®  : un joli résumé de galères « malagasy » étalées sur un demi-siècle, depuis ses débuts comme instit de l’École normale dans les années 60, l’avant-garde missionnaire de Tsiranana ! Petit-fils de pasteur, converti sur le tôt à la libre pensée, il en avait gardé comme un goût amusé du péché qu’il mâchouillait avec compoction,

du bout des lèvres, à la façon de ses éternels mégots froids (on appelle ça l’esprit voltairien). Merina « valovotaka » de Farafangana, il avait surtout la nostalgie de la brousse heureuse qu’il opposait aux  bruits de la ville », l’horrible ville dont il avait, en effet, d’horribles souvenirs : l’histoire de ces deux ados qu’il raconte dans son livre, deux voleurs brûlés vifs sous ses yeux dans des pneus à Analakely, dans les années 80. Lui qui avait fréquenté les clubs de tennis de la haute dans sa jeunesse avait aussi subi pas mal de revers. Les excès, le « toaka », les dégringolades, les remontées, l’art de toujours retomber sur ses pattes en vieux matou de la vie qu’il était. Mais que n’a-t-il pas été ? Chercheur d’or, foreur de pétrole sur plateforme, apprenti « dahalo » (par un de ses oncles), buveur, queutard, journaliste, correspondant du National Geographic, producteur de melons, conseiller de ministres intègres : neuf vies comme les chats… Que la terre te soit légère, mon cher Mamy !

Alain Eid

Un monstre sacré du journalisme malgache
Mamy Kha a posé définitivement sa plume et son calepin le mardi 20 mai dernier. Cette triste nouvelle m’a secoué. Mais au lieu d’être triste de l’avoir perdu à jamais, j’ai éprouvé une certaine joie et l’honneur d’avoir connu et pu côtoyer de près ce monstre sacré du journalisme malgache. Je l’ai rencontré pour la première fois en 2008 alors qu’il était rédacteur en chef de L’Hebdo de Madagascar et moi un jeune journaliste fraîchement sorti de l’école. J’étais comme un catho- lique allant rencontrer le pape en personne au moment d’entrer dans son bureau, tellement mes professeurs m’avaient parlé de lui, le citant en modèle. Mais je me suis presque re- trouvé en état second quand il m’a dit cette phrase que je n’oublierai jamais : « Viens, mon garçon, je vais faire de toi un bon journaliste. » Aujourd’hui, je souris en coin en repensant à ses injures à la capitaine Haddock, ses rires, ses quintes de toux. Comme tes innombrables protégés, je n’ai que de bons souvenirs avec toi, Mamy Nohatrarivo. Maintenant, je ne saurai que te dire : « Repose en paix, mon chef. »

Solofo Ranaivo

La Colombe et la Licorne

Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Il était une fois une petite Licorne avec sa jolie corne torsadée dorée ayant le pouvoir de neutraliser les poisons. Cela lui permet de séparer les justes de ceux qui ont quelque chose à se reprocher. Malheureusement, la petite Licorne fut prisonnière de sa famille. Durant 10 ans, entre ses 6 à 16 ans, son père et son grand-père ont commis sur elle des viols incestueux. Tout cela avec la complicité de la femme qui disait être sa mère ainsi que d’autres membres de sa famille. Durant toute son enfance, la petite Licorne a été l’esclave sexuelle de ces deux hommes. Sa maison était son enfer et sa famille ses bourreaux. La petite Licorne grandit malgré les épreuves. À deux reprises elle tombe enceinte et est forcée d’avorter dans la plus grande douleur du monde.

Comment sortir de cet enfer ? Que faire pour fuir à part se suicider ? La petite Licorne grandit, des cicatrices sur les mains, sur le corps, sur l’esprit et dans son être. Elle trouve le courage de s’émanciper et de porter plainte contre ses tortionnaires. La petite Licorne, est parmi les rares cas qui sont allées au-delà de la peur et de la pression de la famille. Mais le verdict est prononcé : 5 ans d’emprisonnement seulement pour son violeur. 5 petites années face aux 10 ans d’inceste à répétition. 5 ans pour avoir violé une petite Licorne depuis sa petite enfance.

Les pressions morales de la mère sur la Licorne s’accentuent de jour en jour. Elle lui reproche d’avoir détruit le noyau familial. À 19 ans, la jeune Licorne fait la rencontre d’une Colombe qui est devenue le soutien dont elle avait désespérément besoin. Les harcèlements moraux perpétrés par la mère s’accentuent et la Licorne tombe dans une dépression. L’enfer recommence et elle est admise dans un hôpital psychiatrique. La Colombe reste à ses côtés dans ce combat. Durant cette hospitalisation, elles interceptent des mes- sages de la famille concernant un rituel occulte. Sa vie est en danger, il faut la sortir de là à tout prix.

La mère enclenche une bataille juridique car elle veut mettre la main sur la Licorne afin de lui ôter sa corne magique car elle sait que cette dernière a le pouvoir de montrer la vérité. Elle sait pertinemment qu’une fois sa corne coupée, la Licorne mourra et avec elle sera enterrée toute la vérité. La mère trouve comme alliées des personnes avides d’argent, des personnes radicalisées qui ont capturé la Colombe avec les filets de la loi. Une loi qui suppose qu’une Licorne ne peut aimer et être avec une Colombe car cela serait « contre nature ». La Colombe est mise en cage. Mais l’amour est plus grand que tout. La Licorne a crié de toutes ses forces pour que sa bien-aimée soit libre. Son cri a parcouru le monde entier et a fait naître un vent de soutien qui souffle de plus en plus fort. Un jour, très bientôt, la Colombe libérée des barreaux retrouvera sa Licorne. D’une force majestueuse, la Colombe déploie- ra ses ailes. La Licorne brillera de son pouvoir magique. Toutes les deux fusionneront et devien- dront le cheval ailé : Pégase. Et Pégase s’envolera librement dans les ciels du monde entier. Elles vécurent heureuses et libres de leurs choix.

Mbolatiana Raveloarimisa
L pour Libération

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