Monique RAMAHAY : L’étoffe des grandes
2 avril 2012 - La modeNo Comment   //   3288 Views   //   N°: 27

Grâce à elle, la robe à smocks est devenue un produit d’exportation haut de gamme. Toujours spécialisée dans le vêtement pour enfants, elle ambitionne d’apporter à la broderie « vita gasy » ses lettres de noblesse en lançant aujourd’hui la marque Tina Kély.

Pionnière des fameuses robes à smocks lancées dans les années quatre-vingt-dix avec la première entreprise franche Perlin, Monique Ramahay a bataillé dur pour imposer ses créations en Europe. Son ambition à travers ses vêtements pour enfants brodés main a toujours été d’imposer le haut de gamme « vita gasy », d’en faire un label de qualité.

Inspiré des vêtements anglais du XIXe siècle – et importé, dit-on, par les missionnaires – le smock est aujourd’hui la spécialité des brodeuses malgaches. Il se caractérise par l’utilisation de bandes de tissu plissées sur le devant et dans le dos (façon « petite maison dans la prairie »), nécessitant des techniques de couture bien éprouvées. Et le résultat ce sont ces fameuses robes pour « petits filles modèles » qui font un véritable malheur sur le marché européen à partir des années quatre-vingt-dix.

Fournissant les plus grands noms du prêt-à-porter pour enfants comme Baby Dior, Jacadi, Bonpoint, Hermès ou Tartine et Chocolat, Monique Ramahay ouvre à Paris sa propre boutique, Jours de Fête à Paris, où elle commercialise et exporte sa propre marque de vêtements, L’Ile aux Fées. De délicieux modèles pour cortèges et cérémonies, tout autant que des layettes en cachemire pour bébés. « Comme nous travaillons la broderie, les vêtements de petites filles sont le support idéal pour montrer la valeur ajoutée à la main, mais cela ne nous empêche pas de créer des vêtements pour les garçons. »

Avec la grande crise de 2008 arrivent des temps plus difficiles, qu’aggrave l’arrivée de nouvelles concurrences. Le smock commence à battre de l’aile et Monique Ramahay doit se rabattre sur Madagascar pour retrouver un second souffle. « Il ne fallait pas baisser les bras, d’autant que j’avais toujours ici mes équipes de brodeuses ». Ce second souffle, c’est la création cette année de la marque Tina Kély (Petite chérie), arrivant en renfort de l’Ile aux Fées. Des vêtements brodés main, toujours installés dans le haut de gamme.

La créatrice y propose des collections pour enfants alliant le chic et le pratique. Si la facture est de haute tradition malgache, les motifs sont délibérément universels, car le but n’est pas de faire du vêtement ethno. « On veut intéresser aussi bien le marché russe, américain que japonais », explique-t-elle. Elle opte pour des matières nobles et naturelles comme la soie, le coton en ajoutant la touche fantaisiste de l’organza. « J’aime tout ce qui est féérique et romantique. Je veux apporter le rêve aux petites filles du monde entier… »

À 64 ans, la créatrice bouillonne toujours d’idées. En plus de ses deux marques, elle est sur le point de créer une association destinée à mieux faire connaître les artisans d’art malgaches. À travers Écrin Madagascar, le nom de la future association, elle a notamment l’ambition d’organiser des expositions itinérantes, via les circuits consulaires malgaches. « En faisant de la qualité et de la création, on est toujours gagnant », note-t-elle.

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