Le Rêv’Errant : J’ai fait un rêve !
1 février 2018 - CulturesNo Comment   //   1624 Views   //   N°: 97

Après cinq ans à cuisiner des textes à la sauce rock, rap ou reggae, saupoudrés d’un fort engagement pour la prise de conscience de ceux qui daignent écouter, voilà que Tanjona Rabearivony dit le Rêv’Errant a lancé son groupe en 2016. Rêve éveillé ou cauchemar ?

« Le Rêv’Errant est un jeu de mot tiré du texte « Rêve errant du Révérend » de mon slameur préféré Souleymane Diamanka. Personne n’est à l’abri des tentations. La libération ou le pêché ? Personnellement, j’ai choisi la libération par la parole. C’est ce qui fait la force de notre musique. » Car depuis 2002, Tanjona Rabearivony s’ingénie à se faire passer pour un poète (pouet pouet, comme dirait Bourvil).

« J’ai toujours aimé lire les poésies francophones comme Paul Eluard, Aimé Césaire ou encore Tahar Ben Jelloun où les mots sont des armes pour exprimer la rage contre le colonialisme, le néocolonialisme, la négritude, etc. Cette pensée africaine qui me fait réaliser que mon pays est toujours dans la même situation après 58 ans d’indépendance. » Comme de bien entendu (comme dirait Michel Simon), ses poésies parlent de colère (sic), d’oppression (sic) et de libération (sic). « J’adore la poésie, cet art oratoire très vivant mais je me suis rendu compte en 2011 qu’elle n’arrivait plus à me contenir. Je me suis dès lors tourné vers la musique. »

Et cela donne Tanjona (chant), Tsiory (batterie), Ranto (guitare Solo), Njaka (guitare basse) et Manoa (valiha). Le groupe offre à entendre une musique urbaine donnant à réfléchir, c’est déjà ça. Comme avec Manakasy qui renvoie à la notion de Malagasy (malgache) et Mana-kasina (Sacralité). « Cette chanson rappelle que chaque Malgache est sacré car on est tous liés à une terre, une culture et une histoire. Il faut rappeler cette valeur aux Malgaches, car la plupart commencent à perdre l’estime de soi et se contentent de subir la vie. Aujourd’hui, on oublie de se valoriser, on préfère toujours dire qu’on est pauvre dans un pays qui est pourtant si riche. »

C’est dans cette optique pétrie de bons sentiments que le groupe a concocté son album Soamanambara (Ma déclaration, ou quelque chose dans le genre, façon France Gall qu’on salue ici), avec neuf titres et un recueil de vingt textes. « Quand on aime une personne, on n’a pas peur de lui dire en face ses quatre vérités quitte à la blesser. Comme je dis actuellement qu’il faut sauver la jeunesse malgache au vu de la dégradation de son niveau d’études et à voir ce qu’elle consomment auprès des médias en termes de chansons parlant ouvertement de sexe, d’alcool et de drogue. »

Artiste engagé au sein du collectif Dago Team Zara, le Rêv’Errant n’hésite pas à amener sa « vibe » dans des endroits inédits comme le quartier populaire de Betongolo ou la prison d’Antanimora. « Notre but est de susciter des réactions et des questionnements auprès du plus grand nombre. » En attendant vos réponses, qu’il espère nombreuses, le groupe prépare son live au Kudéta pour mars prochain.

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