Johary NARIMANANA : La corde sensible
11 avril 2012 - CulturesNo Comment   //   1449 Views   //   N°: 27

Dans la lignée des Mangoré et des Villa-Lobos, il n’hésite pas à introduire des éléments de folklore malgache dans ses compositions. À commencer par le bà-gasy « Quand on pratique la guitare espagnole, on est forcément un romantique dans l’âme », relève-il.

À 23 ans, Johary Narimanana est un passionné de guitare classique. Sur scène, il aime interpréter les compositions du Paraguayen Augustin Barrios Mangoré (mort en 1944), la référence absolue de la guitare à six cordes (dite aussi « espagnole », car conçue, sous sa forme moderne, au XIXe siècle, par le luthier andalou Antonio de Torres). Le titre de son premier album, La Cathédrale, est tiré d’une oeuvre de Mangoré, tout comme les dix études qui l’accompagnent. « La Catédral, Danza Paraguaya, Aconquija sont des compositions qui ont bercé mon enfance. Elles m’ont accompagné bien avant Au clair de la lune ou À la claire fontaine ». Et pour cause, son père est lui-même un joueur de guitare très connu. « Il m’a tout appris et je reste son plus grand fan », relève le jeune homme. 

Comme pour tous les virtuoses, son apprentissage ne s’est pas fait sans douleur : « Ça fait mal aux doigts, la guitare, quand on n’est pas habitué à pincer les cordes. Mais à raison de six heures d’entraînement par jour, on finit par s’y faire… » En guise de récompense, il reçoit sa première guitare le jour de son 18e anniversaire : « Ce n’était pas une surprise, ironise-t-il. Il y en avait déjà une bonne douzaine à la maison, dont six classiques ! » Il reconnaît sans peine que sans cette discipline de fer, il n’en serait pas arrivé au niveau où il en est aujourd’hui.

En plus de Mangoré, Johary aime puiser dans la musique romantique de Francisco Tárrega ou dans les rythmes brésiliens de Villa-Lobos. « Quand on pratique la guitare espagnole, on est forcément un passionné, un romantique dans l’âme », note-t-il. Sans oublier, bien sûr, le flamenco – « même si la guitare flamenca diffère quelque peu de la guitare classique au niveau de la technique de jeu et des sonorités », précise-t-il. Aujourd’hui, Johary ambitionne également de s’imposer comme compositeur. Son rêve, écrire des musiques de films et des symphonies, comme Villa-Lobos en son temps qui composa pour Hollywood. « Ma musique est naturelle comme une chute d’eau », aimait à dire le Brésilien qui professait le plus total anti-académisme. Et c’est bien dans cet esprit que Johary compose, attentif à ne pas copier servilement les grands maîtres.

Comme Mangoré qui puisa énormément dans le folklore sud-américain – jusqu’à s’habiller sur scène en Indien Guarani ! – il veille à introduire des éléments de la tradition malgache dans ses compositions, à commencer par le bà-gasy. « J’écoute aussi beaucoup de salegy et de kawitry, je trouve ça très inspirant… tout comme le rock, le jazz ou la pop ». Ce qui s’appelle avoir plusieurs cordes à sa guitare ! 

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