Mathieu Barijaona-Laurent : « Qui voyage voit davantage »
15 décembre 2014 - HexagoneNo Comment   //   4699 Views   //   N°: 59

Mathieu Barijaona-Laurent, 29 ans, travaille aujourd’hui au Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative de la République française. Il est, par ailleurs, vice-président de l’association nationale France – Madagascar.

Mathieu Barijaona-Laurent est le fils cadet d’une famille de Fort-Dauphin où le père gère la librairie du diocèse. La mère, métisse chinoise-Antambahoaka, professeure de français à la retraite, est, elle, originaire de Mananjary. Dans un « monde où l’accès à la culture est difficile », Mathieu est bien conscient que c’est une chance que d’avoir grandi au milieu de livres – « une chance qu’il fallait saisir : Les sauterelles ne se posent pas deux fois sur la même porte / Ny valala tsy indroa mandry am-bavahady »

Mathieu fait ses études primaires et secondaires dans le réseau des écoles françaises, d’abord à Toliara puis au Lycée français de Tanà : « À Tuléar, en 1996, j’étais en internat, au Lycée français aussi et le week-end je logeais chez les Frères du Sacré-Coeur. »

 

En 2003, il est titulaire d’un bac ES (économique et social). Le jeune homme a soif d’apprendre et veut se faire une « vision plus globale de la réalité » : « Qui vit voit, qui voyage voit davantage. »

Il s’inscrit à la Sorbonne, en « droit public », et prend pension chez les lazaristes de la rue de Sèvres, à Paris, où, pour financer ses études, il travaille à l’accueil : « J’avais l’habitude de vivre en communauté et puis j’ai grandi avec des religieux. J’ai beaucoup échangé avec les missionnaires, surtout le père Vincent Carme. Je me suis beaucoup nourri de ces échanges avec ces gens d’Église. »

« À Paris, tout va très vite et tout est organisé », mais Mathieu s’adapte sans heurt : il connaît la France, il y est déjà venu en vacances, et l’environnement dans lequel il est « accueilli » est bien « structuré ». En cinquième année, Mathieu rejoint Sciences Po Bordeaux, pour se spécialiser en affaires publiques (expertise en droit, en économie et en gestion) avant de connaître sa première expérience dans le secteur, à l’international, au Caire, puis à l’Assemblée nationale et, enfi n, au Conseil d’État : « Au sein de ces institutions, on doit rendre des comptes, il y a une très grande rigueur et la préoccupation à répondre au mieux aux besoins des usagers et des citoyens est permanente. »

Mathieu garde cependant un « attachement indéfectible » à son île ; onze ans qu’il l’a quittée, pas une année sans y revenir : « Le cocon familial » lui « manque » autant que « le soleil et le bord de mer ». Quitter Madagascar lui a été « profi table » : « Sur les plans personnel et professionnel, je me suis beaucoup enrichi en France. Partir à l’étranger donne un oeil différent sur son propre pays. » Son retour défi nitif, il l’envisage surtout pour « travailler au service du peuple malgache » notamment en menant, concrètement, « des actions économiques, culturelles et sociales » dans le sens d’un « développement durable ».

Texte et Photo : #ChristopheGallaire

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