C’était il y a cent ans… en avril 1912
15 avril 2012 - TsiahyNo Comment   //   1761 Views   //   N°: 27

Des festivités en tous genres se tiennent en avril. Les élèves des écoles supérieures indigènes de Faravohitra et d’Ambohijatovo ont organisé une fête le lundi 8 en matinée, au Théâtre municipal. La salle était remplie d’Européens et de Malgaches. Choeurs, morceaux de musique, évolutions gymniques, récitations et un vaudeville en un acte, Ratovo marie sa fille ont été si appréciés qu’une deuxième représentation sera donnée en soirée le vendredi 3 mai. 

Fianarantsoa n’est pas en reste. La Fête des enfants y a duré deux jours, les 7 et 8. Retraite aux flambeaux, salves d’artillerie, cortège de chars et de pousse-pousse, fanfare, distribution de cadeaux aux mères de familles nombreuses, jeux, buffet, rien ne manquait pour séduire un public dense. La Fête des enfants de Tananarive, organisée à la fin du mois, aura été un autre brillant moment de joie, dans les huit arrondissements.

La semaine sportive du Sport-Club de Tananarive se déroule du 9 au 14. Au programme : tennis, escrime, concours de boules, tir au revolver d’ordonnance et à la carabine – celle-ci est réservée aux dames. Le clou de la semaine est la course de motocyclettes sur le parcours Tananarive-Arivonimamo, le dimanche 14. Départ à sept heures et demie au lac d’Anosy, de deux en deux minutes. Mais « Monsieur le Président et les Membres du Sport-Club de Tananarive déclinent toute responsabilité au sujet des accidents qui pourraient se produire au cours des différentes épreuves ». M. Valiton fils a emporté la course de motos.

Un corso fleuri clôt les compétitions. À l’occasion de celui-ci, la Maison Blion installe un kiosque de vente place Colbert, près de la tribune centrale, où l’on peut se procurer, en guise de projectiles, des « sacs de confettis parfumés » et des « soubiques de fleurs coquettement enrubannées ». Le défilé de chars a été applaudi, en particulier les créations du Sport-Club : une jonque chinoise et une Vénus sortant de l’onde dans une coquille.

Parmi les nombreux spectacles proposés aux habitants de Tananarive, celui de Door-Leblanc, qui était déjà venu en 1903, sort de l’ordinaire. Magicien, hypnotiseur et spirite, il a donné quatre représentations à Tamatave avant d’arriver dans la capitale où il se produit les dimanche 28 et lundi 29. Après Paris, Berlin, Vienne, Pétersbourg, New York, etc., voici son « acte magical », Une nuit au pays des songes, ainsi que la devineresse Saltana Hanoum, Miss Sherlock Holmes et la Japonaise Ching-Ling-Foo.

Pendant que certains s’amusent, d’autres prennent des décisions. Les Antaimoro de la circonscription de Farafangana ont coutume de porter épieux et sagaies qui peuvent leur servir d’armes. Ils devront les laisser chez eux : le gouverneur général Picquié vient d’interdire le port de ces objets dangereux hors de leur circonscription. Les bonnes gens sont rassurées.

On parle beaucoup du port de Tamatave, mais celui de Majunga n’est pas oublié. Les quais construits en 1907 deviennent étroits au regard de l’accroissement du commerce local. Un crédit de 200 000 francs est destiné au prolongement du débarcadère, sur lequel seront construits des magasins. Budget raisonnable, par rapport aux 15 millions nécessaires au projet d’agrandissement du port de Tamatave.

En France et dans le monde, les exploits des aviateurs sont suivis de près par les journaux qui doivent aussi, parfois, relater les accidents. L’armée s’intéresse à cette « quatrième arme ». À l’initiative de MM. l’administrateur-adjoint Grandjean et l’administrateur-aviateur Raoult, un Comité national d’aviation militaire à Madagascar est mis sur pied.

La fabrication de la dentelle pourrait fournir d’excellents débouchés commerciaux vers la France. M. Savaron, organisateur de cette industrie à Madagascar, a monté sept ateliers d’apprentissage à Tananarive et dans les environs. Mais il se plaint d’un enseignement qui ne prépare pas vraiment au travail et toutes les ouvrières qu’il recrute doivent être formées depuis le début, quel que soit leur niveau de qualification. Les plus diplômées sont même les plus décevantes, parce qu’elles ont pris de mauvaises habitudes à l’école professionnelle.

Enfin, le professeur Lacroix, du Muséum, vient de faire don au Service des Mines d’une importante collection minéralogique. Les 162 pièces sont, pour l’essentiel, des exemples de minéraux entrant dans la composition de la gangue des filons métallifères. Elle apportera de nombreuses informations aux prospecteurs et à toutes les personnes intéressées par les questions minières. 

Par #PierreMaury 

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