Takeshi Kamei : « Mada m’inspire »
4 octobre 2016 - CulturesNo Comment   //   1493 Views   //   N°: 81

Le réalisateur nippon Takeshi Kamei était à Madagascar en août à l’occasion de la troisième édition du festival « Focus Cinéma Japon ». Il y a présenté son documentaire « Guitar Madagascar » sorti au Japon en juin 2015.

Comment un Japonais en vient-il à s’intéresser à la musique malgache ?
Les Japonais connaissent Madagascar pour ses caméléons, ses lémuriens et ses baobabs. En partie grâce au dessin animé du même nom… où l’on ne voit rien de tout ça (rires). Mais c’est aussi un pays qu’on mentionne souvent pour sa pauvreté et son instabilité politique. J’ai voulu montrer d’autres aspects, plus positifs, comme la musique malgache qui est d’une richesse au moins égale à celle de sa biodiversité. J’en écoute depuis tente ans, bien avant d’avoir mis les pieds dans la Grande Île en 2009 pour le repérage du film. Guitar Madagascar est dans le prolongement de mon premier film Chandmani – la source du chant mongolien qui interrogeait déjà une tradition musicale peu connue des Japonais. Je précise que je réalise des films sur la musique sans avoir jamais su tirer une note d’un instrument…

« Guitar Madagascar » est une fiction ou un documentaire ?
C’est un docufiction car le scénario et les dialogues sont inventés. L’histoire du tambour royal cassé de Thominot Andrianjafy (groupe Hazolahy), qui l’oblige à revenir dans l’Anosy pour le faire réparer, a par exemple été imaginée. Mais le fond, les cérémonies et rituels tels que le tromba ou le havoria (ré-enterrement chez les Bara) relèvent du documentaire, voire du reportage. J’ai pris le plus grand soin de les rapporter tels quels, comme un anthropologue. Mon propos était plus précisément de montrer le lien entre la musique et les rituels funèbres.

Le tournage a-t-il posé problème ?
Prendre contact avec les musiciens du film, comme D’Gary ou Teta, a été facile car leurs numéros de téléphone sont inscrits sur la pochette des DVD. Je n’ai pas eu besoin de les convaincre, tout de suite le projet les a emballés. J’ai fait le va-et-vient entre Madagascar et le Japon jusqu’au début du tournage en 2014. On a sillonné et filmé la Grande Île pendant presque une année, nous avons même été en France pour filmer Mika (du groupe Mika & Davis). Tout cela, je tiens à le préciser, avec l’énorme soutien de l’Ambassade du Japon à Madagascar.

Comment le film a-t-il été reçu au Japon ?
Pour un film d’auteur annoncée sans tout le cirque médiatique, on peut dire que l’accueil a été formidable partout où il a été diffusé. Pendant toute l’année 2015 et le premier semestre 2016, j’ai accompagné Guitar Madagascar dans tous les festivals culturels et cinémas au Japon. Si j’insiste pour être là, c’est qu’après le visionnage, le public a toujours des questions à poser et le réalisateur est souvent le seul à pouvoir y répondre. C’est aussi pour ça que j’ai tenu à être présent pour sa diffusion à Madagascar.

Votre prochain film ?
J’ai déjà une petite idée. Une fiction dont l’intrigue se tiendra encore à Madagascar, plus exactement à Tolagnaro (Fort-Dauphin). Je compte collaborer avec des cinéastes malgaches sur ce projet. Je ne connais pas bien le cinéma d’ici, mais le peu que j’en ai vu lors de projections à l’Institut français de Madagascar, m’a persuadé que c’est un cinéma qui a quelque chose dans les tripes.

Propos recueillis par #SolofoRanaivo

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