Les lavandières de l’Ikopa
20 décembre 2011 - MétiersNo Comment   //   1426 Views   //   N°: 23

Frotter, essorer, étendre, c’est le quotidien de ces femmes dont le métier est de laver le linge des autres. Un métier où l’on ne doit pas avoir peur de se mouiller…

Vers 7 heures du matin, Detty arrive sur les rives de l’Ikopa avec ses cuvettes remplies de linges, ses barrettes de savons, sa brosse… et sa bonne humeur, malgré la dure journée de travail qui l’attend. À 48 ans, elle est parmi les doyennes des lavandières de l’Ikopa qui font partie intégrante du paysage de Tanjombato. Un métier que Detty exerce depuis près de six ans. « C’est un boulot comme les autres qui me permet d’aider mon mari, de subvenir à MÉtiers nos besoins, tout en rendant service aux gens », considère-t-elle. En s’installant à sa place habituelle, en bas des rochers. Les pieds dans l’eau, elle commence à frotter – un geste devenu mécanique avec les années. « Je m’occupe du linge de trois familles différentes, des clients fidèles, explique-t-elle. Je récupère le linge chez eux, et ensuite je viens ici. Il m’arrive également de le repasser avant de les rendre à ses propriétaires ».

La quantité de linge lavé dépend des lavandières : les plus jeunes et les plus énergiques sont capables de traiter de plus gros paquets, et l’effort musculaire est loin d’être négligeable. Au niveau des tarifs, chacune à sa méthode. « Pour ma part, je calcule mes prix à la quantité, ainsi je gagne beaucoup plus. En un mois, comme je viens ici trois fois par semaine, je peux gagner telo alina (30 000 ariary) ». D’autres fixent leurs tarifs selon le type de linge à laver, comme la couverture à 1 500 ariary, la paire de jean à 100 ariary ou la pièce de drap à 200 ariary…

De l’autre côté de l’Ikopa, d’autres lavandières sont à l’ouvrage, installées dans des bassins publics, un peu plus loin de la rive. C’est le cas de Marie, 40 ans, qui exerce ici depuis une vingtaine d’années. « J’utilise les bassins publics uniquement quand les propriétaires ne veulent pas que je lave leur linge dans l’Ikopa pour des raisons d’hygiène principalement », souligne-t-elle. Ici, l’eau n’est pas gratuite, chaque lavandière doit s’acquitter de 10 ariary par seau. « En fait, ce sont les propriétaires qui payent, tout comme ils fournissent le savon, la brosse et la cuvette », explique Marie.

À l’inverse de Detty, Marie se fait payer en fonction du type de linge qu’elle a à laver. « Chaque pièce de linge est soigneusement notée dans mon carnet. C’est ainsi que dans une journée, je peux gagner dans les 4 000 ariary. » Dans les bassins ou sur les bords de l’Ikopa, l’essentiel pour une lavandière est de ne pas avoir peur de se mouiller…

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