Épistolier : « Le baggy ne fait pas le rappeur »
3 avril 2017 - CulturesNo Comment   //   3671 Views   //   N°: 87

Épistolier, personne qui aime écrire des lettres. Exemple, Madame de Sévigné ! Voilà comment le rappeur Steve Andriamasy se présente. Se revendiquant d’un rap « conscient », il a représenté Madagascar au festival « End of the Weak » en octobre dernier en Suisse. C’est bon pour le moral ?

Au premier abord, on croirait voir une de ces minets au look bien soigné de type londonien, façon blaser et basket et qui font du R’n’B ! Détrompez-vous, Steve Andriamasy, alias Épistolier, a les tripes dans l’« open mic », pour parler comme sur Facebook ! « On me clashe souvent sur mon look ou ma manière de parler. Pourtant, le baggy et le T shirt XXL ne font pas forcément le rappeur. Qu’importent les vêtements que je porte, tant que mon rap est bien. Et il est bien ! »

Cet état d’esprit l’a conduit à remporter la compétition internationale d’improvisation hip hop End of the Weak qui s’est tenu e à Antananarivo de décembre 2015 à octobre 2016. À l’issue de ce trophée, il a pu représenter Madagascar lors de la finale internationale End of the Weak en Suisse et a été classé 6e sur 15. Pas mal !

L’amour des mots a conduit Épistolier à s’essayer d’abord à l’écriture poétique puis au slam. Mais son cœur ne bat que pour les « flows » improvisés qu’il présente sur scène depuis 2014. Installer le rap « conscient » dans la culture rap malgache actuelle, c’est le combat qu’il mène aux côtés d’Eklyps, Yremar, L.Garcia, Setty, etc. « À 7 ans, j’étais fan du catcheur et ancien rappeur John Cena. Depuis, j’ai été touché par la poésie, la profondeur des textes et la manière de transmettre l’émotion, si on se réfère par exemple au répertoire de Diams (Ndlr, on rigole) ou de Lafouine (MDR). »

Pour Épistolier, le rap, c’est partager ce qu’on vit et ce qu’on voit. « Ce n’est pas la désinvolture qu’on entend dans la plupart des chansons actuelles, à moins que ce soit ça leur quotidien. » Comme il le dit : « Avant d’être un rappeur, je reste avant tout un gentleman. » On ne peut pas en dire autant de ses écrits qui ne prennent pas de gants pour dénoncer l’injustice, les faits sociaux ou la médiocrité. À 20 ans, le jeune étudiant en Droit a du cran. « Une fois, j’ai reçu des menaces de poursuite pénale à cause de mes propos jugés trop crus. » Le cru ou le cuit, disait Lévy Strauss (non, pas les jeans !)

Son rap « conscient », comme il dit, appelle à l’éveil de la conscience citoyenne. Il clame dans « Mitraka foana » (Toujours lever la tête) : « Tsy misy mafy tsy laitra izany rehefa tena vonona hanova zavatra » (rien n’est impossible quand on est prêt pour le changement). « C’est le cas ici à Madagascar, quand on voit que la musique actuelle se dégrade et que le rap devient de la variété (Ndlr, le punk aussi !), je ne peux qu’être d’accord avec Big Tovolah. J’ai même entendu que les textes réfléchis ne font pas vendre. Et bien, il est temps de changer de mentalité. » Chiche ?

Avec une quarantaine de titres à son répertoire, Épistolier est aujourd’hui en voie d’être signé sur le label Kolontsaina Mainty. C’est toujours ça.

Contact
Epistolier : 034 39 474 64

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]