Cyrille Cornu
15 novembre 2014 - NatureNo Comment   //   3147 Views   //   N°: 58

Baobabs entre terre et mer

Le 23 octobre,  le chercheur agronome Cyrille Cornu  a présenté à l’IFM son film documentaire « Baobabs entre terre et mer ». Un hommage à l’arbre symbole de Madagascar qu’il étudie sur tous les terrains depuis déjà 12 ans.

Sa fascination pour les baobabs remonte à un  premier voyage au Sénégal. Pourtant, c’est à Madagascar que ce chercheur du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement)  a décidé en 2002  de les étudier in situ. En 2010, il décide même de  s’installer en permanence au pays pour mieux les avoir à l’oeil. « Les baobabs de Madagascar sont mal connus, ils occupent un territoire gigantesque, mais ce sont des forêts sans pistes d’accès, le 4×4 ne sert à rien. »  

C’est ainsi qu’il a entrepris avec Wilfrid Ramahafaly, un technicien forestier, de s’embarquer en pirogue avec des marins Vezo pour un long périple de 450 km entre Toliara et Morondava.  Vingt jours de pirogue et 200 km de marche plus tard, il découvre des spécimens de baobabs absolument prodigieux, dont lui-même, spécialiste de la cartographie par satellite, ignorait l’existence ! « Un patrimoine malgache presque jamais filmé ni photographié  », assure-t-il. Certains de ces arbres sont même découverts sur des petites îles inhabitées, d’où le titre du documentaire.

Cyrille Cornu et Wilfrid Ramahafaly ont tourné en juin 2013 pendant trois semaines  seulement. Mais quelle moisson d’images ! Plus de 30 heures de rushes et en un an et demi de travail pour en arriver au montage de ces 52 minutes d’une beauté à couper le souffle. Les commentaires sont  dits par la conteuse bretonne Lile Cargueray et la musique est signée D’Gary… un baobab à lui tout seul ! « Je ne voulais pas prendre un angle trop scientifique, alors j’ai choisi la narration chronologique du voyage. Les premières images montrent un lever de soleil sur le canal du Mozambique, une rame, l’épaule d’un marin Vezo, le lagon, les pirogues… »

 Le documentaire casse bien des idées reçues. Il veut d’abord conscientiser et sensibiliser  le public  : « Les baobabs des circuits touristiques ne sont pas des arbres qui poussent dans leur habitat naturel, la forêt. Pour voir des baobabs non transplantés, sauvages,  il faut s’enfoncer dans des zones où  il n’y a ni voiture ni téléphone portable… » De fait, aucun site touristique n’est traversé jusqu’à l’arrivée à Morondava; qui marque d’ailleurs la fin du film. Le documentaire montre aussi la triste réalité de la déforestation avec ces baobabs mourants, s’effondrant par milliers : « On ne peut pas en vouloir à ceux qui les abattent de chercher à survivre, mais le constat est là, la forêt disparaît ».

Une traduction anglaise a été faite, une japonaise est également en cours. Le film aura coûté en autoproduction environ 3 000 euros. Il sera projeté gratuitement dans les grands festivals de nature comme  Pariscience en 2015. « Si des chaînes de télévision s’y intéressent, bien sûr je le leur vendrai  et l’argent me servira à faire d’autres films. » A suivre donc.

#JoroAndrianasolo

Photos : © #CyrilleCornu

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