Andringitra – Tsaranoro : La vallée Zen
16 février 2012 - Escales EscalesNo Comment   //   2213 Views   //   N°: 25

À l’image d’un jardin japonais dont les sillons savamment tracés dans le sable et ponctués de quelques cailloux reflètent une harmonie parfaite, la vallée qui borde le sud du massif de l’Andringitra respire la quiétude. 

Au sud d’Ambalavao, à moins de deux heures de la capitale régionale, Fianarantsoa, par la RN7 puis par une piste qui traverse bon nombre de villages, l’on atteint le versant méridional du massif qui abrite le deuxième sommet de Madagascar (Pic Boby 2 658 m). Les verticales falaises du Tsaranoro qui trônent au coeur de la vallée éponyme et qui en constituent la pierre d’achoppement, font face au déchiqueté massif de l’Andringitra. Ces géants, chacun avec leur profil bien caractéristique, ne cessent depuis des lustres d’offrir à tour de rôle des spectacles changeants.

Au petit matin, c’est le Tsaranoro qui accroche les premiers rayons de l’astre solaire et ses roches gris-bleu deviennent alors rougeoyantes. Le soir venu, l’Andringitra capte à son tour les derniers bienfaits de notre plus précieuse étoile et s’embrase. Au sein de cette vallée, véritable cadran solaire, l’on se sent ainsi en phase avec l’espace et le temps. Tout semble naturel : rien de 

surprenant à ce que cette jeune fille à son balcon se soit enveloppée dans une étoffe qui complète élégamment toute une palette de tons chauds. Que dire de ces centaines de villageois qui, au petit matin, se rendent en file indienne au marché, chargés de victuailles et parés de vêtements colorés : un tableau impressionniste !

Même des violentes scènes de « corrida betsileo » offertes par de jeunes gardiens de zébus qui 

excitent leurs bêtes, en s’accrochant parfois à leur bosse afin que celles-ci piétinent les sols vigoureusement et préparent la terre aux récoltes futures, l’on ne retient que la beauté des corps des hommes et des bêtes qui, couverts de boue, se mêlent et se confondent.

Les villages, quant à eux, confectionnés à partir de la terre sur laquelle ils sont érigés se noient dans le décor. L’on y surprendra un coiffeur ambulant qui nous expliquera que lorsque les jeunes hommes gardent un peigne planté dans leur chevelure, cela signifie qu’ils sont à la recherche d’une compagne…

L’incontournable ascension d’un petit mont dit « du caméléon » offre à son sommet une vue panoramique sur le massif de l’Andringitra que l’on admire sous le regard de nombreux lézards, véritables gardiens des lieux. En parcourant ses pentes, on peut apercevoir des grottes qui sont autant d’endroits sacrés abritant des sépultures. La découverte de fleurs et orchidées qui s’épanouissent sur ses versants, offerts à tous les vents, est plus réjouissante…

Une voix s’élève soudain et résonne dans la vallée. Une maîtresse d’école appelle ses nombreuses troupes qui se rangent bien docilement à l’entrée de l’unique classe. Combien parmi ces enfants échapperont à leur vocation de gardien de zébus ou de riziculteur ?

Mais y a-t-il meilleur destin que de vivre, au rythme des saisons, au sein de cette immuable vallée ? 

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