Loko Gasy : Nord et Sud
15 août 2025 // Musique // 5319 vues // Nc : 187

Ils viennent du Nord et du Sud, et ont uni leurs racines pour créer un son unique qu’ils appellent antsa-beko. Loko Gasy transforme le choc des rythmes en fusion envoûtante. Et leur audace commence à résonner bien au-delà de Madagascar.

Depuis deux ans, leur nom fleurit sur les affiches de concerts et de showcases à Antananarivo et ailleurs. Loko Gasy – littéralement « couleurs malgaches » – est un quatuor audacieux qui se joue des frontières musicales. Composé de Safidy (chant), Mika (batterie), Tantely (basse) et Tafita (guitare), le groupe a inventé une fusion inédite qu’il appelle antsa-beko. Une rencontre explosive entre le antsa, chant sacré du Nord, et le beko, emblème sonore du Grand Sud.

À première vue, ces deux rythmes ne semblent pas faits pour cohabiter. Le antsa, exécuté par des groupes de femmes âgées lors des rituels, est vif et énergique, presque en transe. Le beko, plus lent et solennel, accompagne les cérémonies funéraires du Sud, chanté exclusivement par des hommes. Techniquement, l’un est en ternaire, l’autre en binaire : deux logiques rythmiques qui s’entrechoquent. « C’est un vrai défi d’adapter ces structures pour éviter les décalages », explique Mika, le batteur. Mais Loko Gasy y parvient en jouant sur les arrangements et en saupoudrant le tout d’afrobeat, « pour donner une couleur actuelle qui parle aux jeunes », sourit Tantely. Le choix de ces deux rythmes ne doit rien au hasard. Mika est originaire du Sud-Est, Tantely du Nord. Safidy, betsileo, et Tafita, enfant des Hautes Terres ayant grandi dans le Grand-Sud, incarnent ce pont entre traditions. « C’est notre identité : tout Madagascar en un seul groupe », résume Tantely.

Chacun des quatre musiciens évolue déjà dans d’autres formations – de Masabao à Sammy – mais Loko Gasy est leur laboratoire d’expérimentation. « Lors de notre premier showcase à Tana, le public, en majorité étranger, a adoré. Mais le plus beau, c’est qu’un public 100 % malgache a aussi été conquis », raconte Safidy. Preuve que les musiques roots ne sont pas l’apanage de la world music pour touristes. Et l’aventure ne fait que commencer. Après avoir été présélectionné pour le Prix Découverte RFI 2025, Loko Gasy vient d’être invités au festival Milatsika de Mayotte en octobre prochain. « Porter haut et loin le flambeau malgache, c’est notre ambition », affirment-ils en chœur.

Solofo Ranaivo

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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