Gamtsoa « Pour lui, l’éducation est le meilleur héritage »
13 novembre 2023 // Musique // 9212 vues // Nc : 166

Peu connu de ses pairs, Gamtsoa est pourtant un des poètes les plus humains de sa génération. Dans ses écrits, il parlait de la vie en société, de la sagesse et de la paix. Sa petite-fille, également poète connu sous le nom de plume Magie Gam, veut lui rendre hommage à travers divers événements dont le plus marquant reste la création d’un musée portant le nom « Gamtsoa. »

Gamtsoa, un poète méconnu ?
Je dirais que c’est une personne très solitaire. Pour lui, écrire était une sorte d’évasion. Malgré sa discrétion dans la société, il aimait faire rire, il était sociable, généreux. Gamtsoa était une personne qui aimait donner et partager. Cela se reflète dans ses écrits. Certains quotidiens de l’époque ont publié ses poèmes, par exemple, Madagascar Matin, Midi Madagasikara ou encore Courrier de Madagascar. Mais, ce sont les seules publications alors qu’il a écrit près de 200 poèmes. Par contre, il les a gardés dans plusieurs livres, je suis en train d’en faire l’inventaire.

D’où cet hommage ?
Tout à fait ! Gamtsoa, de son nom, Ramanantsoa est né en 1921 à Anjeva, à environ une vingtaine de kilomètres de Tana. Il est décédé le 14 août 1995. Il est marié avec 11 enfants, ma mère est l’aînée et je suis la troisième petite fille.

Parmi ses enfants et ses petits-enfants, personne n’a vraiment eu le courage de perpétuer sa mémoire. En tant qu’héritière, puisque je suis également poète, je me suis dit que c’était le moment de lui rendre hommage. L’ouverture de son centenaire devait se tenir en 2021, mais à cause de la pandémie, cela n’a pas été possible. Aujourd’hui, je voudrais remettre le train en marche et travailler sur ce projet.

Gamtsoa, un poète social ?
Il n’écrivait pas sur l’amour. Il était plutôt un observateur de la société. Il parlait de l’entraide, du fihavanana (solidarité), de l’empathie, de  la paix et de combat. Il incitait les gens à vivre en étant vrai. C’était quelqu’un de très humain. Je pense que c’est ce caractère-là qu’il extériorisait dans ses écrits. Parmi ses poèmes, on retrouve « Nihintsana teo » qui parle du cycle de la vie à travers la nature. Une fin est toujours le commencement d’un changement ou d’un renouvellement. Petite, c’est un poème qu’il me faisait répéter chaque fois qu’on se voyait. Gamtsoa était doux et imposant à la fois.

Gamtsoa
Gamtsoa

Poète, mais également homme de théâtre et de chansons ?
En 1968, lors d’un concours de chant intitulé Prix Voninavoko, il a gagné la seconde place avec une chanson en duo intitulée « O ry Ampitso ». C’est un texte qui questionne sur le futur. En fait, chaque fois qu’on avait un deuil dans la famille, on chantait cette chanson. Que nous réserve le lendemain ? Il écrivait également des mini pièces de théâtre qu’il produisait dans les écoles, les salles de fêtes, les églises sous le soutien du ministère de l’éducation. D’ailleurs, son plus grand message, c’est de miser sur l’éducation comme l’indique sa pièce « Lova mateza » qui rappelle cet adage « Ny fianarana no lova tsara indrindra » ou l’éducation est le meilleur héritage. Quand on était petit, il n’hésitait pas à nous apprendre le français tous les mercredis après-midi.  Il lisait également les papiers journaux, les cahiers d’écoliers qui étaient utilisés comme emballages. Même tâchés d’huile de mofogasy, il ne laisse jamais passer une occasion de les lire. Fils d’un « mpanao dabokandro », il voulait surpasser son père. Il a donc décidé d’apprendre la sténographie, il était le meilleur dans le domaine. Il travaillait comme secrétaire à la commune.

Les projets ?
L’ouverture de la célébration de son centenaire se tiendra le 26 novembre à l’Ivokolo à Analakely. Sinon, je prépare la sortie de son livre prévue pour 2024. Ce projet Gamtsoa s’étendra jusqu’en 2026. Je prévoie de créer un musée à Anjeva qui portera son nom.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto
Magie Gam : +261 34 41 087 60

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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