Anniversaire idéal
19 mai 2024 // Gaysy // 1627 vues // Nc : 172

À l’occasion de mon dix-neuvième anniversaire, je m’efforce de gagner un peu de liberté vis-à-vis de ma famille. Ils sont tous obnubilés par l’idée d’une fête « parfaite », mais cela m’importe peu. Pour moi, le temps a le pouvoir de nous faire vieillir, et c’est quelque chose que je déteste. Depuis mes 15 ans, je ne compte plus les années.  En revanche, je ne dirais jamais non à une soirée simple sans trop de chichis. Malheureusement, malgré les efforts de ma famille pour m’organiser une fête, je crains que cela ne corresponde à mes attentes.

À 18h30, mes cousins et cousines débarquent pour rejoindre ma soirée. Si seulement je pouvais inviter Mampy et Joro, mes vrais amis, mais leur présence ne passerait pas inaperçue, surtout celle de Joro, avec son attitude efféminée. Cela risquerait de faire fuir les homophobes, et je n’aime pas ça. Rien que d’y penser, j’imagine déjà une soirée incroyable où nous danserions sans retenue, avec Joro en tête, éblouissant la scène avec son mini-short en jean, ses cuissardes, sa perruque blonde et son maquillage impeccable mettant en valeur ses pommettes. Il massacrerait « Born this way » de Lady Gaga en lipsync, et tout le monde l’acclamerait comme la « reine de la soirée » (même à mon propre anniversaire). Si ma grand-mère était encore parmi nous, je n’ose imaginer sa réaction.

Une fête d’anniversaire parfaite serait également accompagnée d’un bon piña colada et d’un bon mojito, sans oublier les pizzas et les garçons. Je suis sûr que j’inviterais un ou deux des gars qui me courent après sur Facebook, histoire d’avoir de la compagnie et de flatter aussi mes amis. Et le meilleur pour la fin ? Tolotra et moi échangerions des regards complices, il me ferait des compliments et, à cause de la musique assourdissante, il glisserait des mots doux et coquins à mon oreille. Ses mots me procureraient des frissons, et nous trouverions ensuite un coin tranquille pour être plus intimes, où il oserait effleurer mon visage. Pour couronner le tout, alors que les invités chantent « Joyeux anniversaire » autour de mon gâteau, Tolotra s’approcherait et m’embrasserait fougueusement, faisant son coming-out devant tous. Je lui sauterais alors au cou, et nous finirions la soirée dans ma chambre, à l’abri de toute interruption. 

Mais revenons à la réalité, où mes fantasmes continuent de s’épanouir, mais reste pour le moment hors de portée. Actuellement, c’est ma mère qui prépare les pizzas pendant que mon père presse des jus d’orange, vantant les mérites des fruits bio. Tante Liza, quant à elle, tente de jouer la cool en faisant des mojitos sans alcool. Mampy et Joro ne seront pas là, car d’après eux, ils ne sauront pas comment jouer aux hétérosexuels virils. Inviter quelques prétendants de Facebook n’est pas possible, car en réalité, il n’y en a pas. Quant à Tolotra, il reste le petit ami de ma sœur, et je vais me retrouver seul et sobre pour ce soir. Quelle ambiance ! Je me sers un verre de jus d’orange préparé par mon père, je trinque à mes fantasmes, et à la beauté singulière d’être différent dans un monde parfois trop ordinaire. Cheers !

par MC

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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