Absoute
6 avril 2025 // Gaysy // 2643 vues // Nc : 183

Je reste sur le dernier banc, près du bénitier, pendant que le prêtre prononce tes éloges funèbres ; tout comme je suis resté en retrait tout au long de tes funérailles. Non, je n’ai pas besoin de faire la queue comme ces gens qui passent près de ton cercueil une dernière fois. D’aussi loin, près de la porte de la paroisse, je suis plus près de toi qu’ils ne l’ont jamais été. M’introduire dans la cérémonie a été simple, c’est facile de se fondre parmi tes amis et ta famille élargie, monsieur populaire ; de toute façon, l’univers m’a fait don d’invisibilité.

Et pourtant, aucun d’eux ne t’a jamais vraiment connu, autrement, ils n’auraient pas habillé ton corps avec cet ensemble noir que tu détestais, le costume de la chorale à laquelle tu appartenais. Je me souviens, tu es venu chez moi le jour où tu l’as récupéré chez la couturière, c’est en l’enlevant que je t’ai vu nu pour la première fois.

Si cette foule te connaissait un minimum, ils n’auraient pas choisi ce prêtre pour célébrer ta dernière messe, tu sortais souvent au milieu de ses sermons qui puaient l’homophobie ; et, quand ta femme et tes deux filles demandaient pourquoi, tu leur répondais juste que tu ne supportais pas la chaleur. Et même ces chansons pendant la veillée funèbre, mon Dieu, tu aurais détesté, tu as toujours préféré nos weekends silencieux en pleine nature, tu racontais au monde que tu partais en mission. D’ailleurs, quand ils ont rangé tes affaires, ils ont été surpris de voir toutes ces bouteilles d’alcool. Tu avais besoin de te saouler avant de pouvoir faire l’amour à ta femme sans regretter de compromettre ce que tu es réellement pour te fondre dans la masse.

Tout, absolument tout dans tes funérailles montre à quel point ton entourage t’était étranger, tu aurais détesté cette mascarade, ton âme est sûrement en train de crier, que tu reposes en paix. S’ils te connaissaient un minimum, ils sauraient pourquoi, un après-midi pluvieux de dimanche, pendant qu’ils étaient partis à la troisième messe, tu as décidé de te foutre une balle dans la tête, sous ces cheveux que j’aimais caresser. J’ai photographié la mare de sang que tu as laissé sur le tapis du salon.

M

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Edito
no comment - Mada fait son cinéma

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

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