Brique par brique
22 juin 2025 // Gaysy // 2201 vues // Nc : 185

Il a suffi d’une seule brique, cette nuit du 28 juin 1969 — une brique lancée contre la vitrine du Stonewall Inn. Ce geste anonyme fut le feu vert, l’étincelle d’une colère ancienne, nourrie de violences policières répétées, de siècles d’insultes et d’exclusions, aussi vieilles que le monde. Non, ce soir-là, ils ne passeraient pas la nuit au poste. Les filles racontaient des histoires sombres sur ces détentions, inventées ou pas, elles étaient terrifiantes.

Alors, les projectiles ont plu — bouteilles vides, chaussures, tout ce qui leur tombait dans les mains, tout ce qui pouvait voler — accompagnés de cris qui réveillèrent Greenwich Village, puis New York, puis les quatre coins du monde.

Dans les décennies qui suivirent, ces mêmes briques ont construit des murs, habillés de tags et de paillettes, devenus refuges, dictionnaires, sanctuaires, où certains s’appuient encore, en attendant le grand amour sur son cheval blanc.

Mais ailleurs, d’autres dressent des murs de briques différentes : dans plus de soixante-dix pays, ils érigent des prisons, des hôpitaux psychiatriques ; ils ont même parlé de sidatoriums il y a trente ans, des cours de récréation où des briques sont lancées contre les moutons noirs. Des briques morales aussi, si « vertueuses » qu’elles refusent l’entrée à certains locataires. Ces briques colorées, qui auraient dû édifier des palais, servent à bâtir des tombeaux où l’on attend la mort. Tombes ou prisons : doubles vies, chaînes invisibles qui ligotent le corps, surveillent chaque geste, chaque ton de voix, addiction fatale au chemsex et aux applications de rencontre qui s’enrichissent grâce au mal-être.

Il faut se souvenir, sentir, dans cette brique originelle, la tension contenue, la force brute qui a brisé des vitres et des prisons, une nuit de juin à New York. Mais le cachot ne se fissure pas de lui-même. Il faut déchiffrer les formules gravées dans les ruines, invoquer les fantômes cachés dans les livres interdits, et, par-dessus tout, aimer.

M

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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