Brique par brique
22 juin 2025 // Gaysy // 1888 vues // Nc : 185

Il a suffi d’une seule brique, cette nuit du 28 juin 1969 — une brique lancée contre la vitrine du Stonewall Inn. Ce geste anonyme fut le feu vert, l’étincelle d’une colère ancienne, nourrie de violences policières répétées, de siècles d’insultes et d’exclusions, aussi vieilles que le monde. Non, ce soir-là, ils ne passeraient pas la nuit au poste. Les filles racontaient des histoires sombres sur ces détentions, inventées ou pas, elles étaient terrifiantes.

Alors, les projectiles ont plu — bouteilles vides, chaussures, tout ce qui leur tombait dans les mains, tout ce qui pouvait voler — accompagnés de cris qui réveillèrent Greenwich Village, puis New York, puis les quatre coins du monde.

Dans les décennies qui suivirent, ces mêmes briques ont construit des murs, habillés de tags et de paillettes, devenus refuges, dictionnaires, sanctuaires, où certains s’appuient encore, en attendant le grand amour sur son cheval blanc.

Mais ailleurs, d’autres dressent des murs de briques différentes : dans plus de soixante-dix pays, ils érigent des prisons, des hôpitaux psychiatriques ; ils ont même parlé de sidatoriums il y a trente ans, des cours de récréation où des briques sont lancées contre les moutons noirs. Des briques morales aussi, si « vertueuses » qu’elles refusent l’entrée à certains locataires. Ces briques colorées, qui auraient dû édifier des palais, servent à bâtir des tombeaux où l’on attend la mort. Tombes ou prisons : doubles vies, chaînes invisibles qui ligotent le corps, surveillent chaque geste, chaque ton de voix, addiction fatale au chemsex et aux applications de rencontre qui s’enrichissent grâce au mal-être.

Il faut se souvenir, sentir, dans cette brique originelle, la tension contenue, la force brute qui a brisé des vitres et des prisons, une nuit de juin à New York. Mais le cachot ne se fissure pas de lui-même. Il faut déchiffrer les formules gravées dans les ruines, invoquer les fantômes cachés dans les livres interdits, et, par-dessus tout, aimer.

M

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Edito
no comment - La fierté en prolongations

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La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

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Interview - Ep.Sandy.N - Septembre 2025 - NC 188

Découvrez 𝐄𝐩.𝐒𝐚𝐧𝐝𝐲.𝐍 dans la rubrique CULTURE du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, NC 188 - septembre 2025. Ayant commencé en 2008, 𝑬𝒑.𝑺𝒂𝒏𝒅𝒚.𝑵 s’est peu à peu fait un nom dans le domaine de la peinture à Tana. Peintre-portraitiste, il se démarque de ses pairs en réalisant des portraits de célébrités allant d’Albert Einstein à Marylin Monroe, en passant par Jimi Hendrix ou encore Jaojoby. Mais il est surtout connu pour avoir interprété – à sa manière – la très célèbre Joconde de Léonard de Vinci. Ici, il s’agit de La Joconde à Tana.

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