Brique par brique
22 juin 2025 // Gaysy // 612 vues // Nc : 185

Il a suffi d’une seule brique, cette nuit du 28 juin 1969 — une brique lancée contre la vitrine du Stonewall Inn. Ce geste anonyme fut le feu vert, l’étincelle d’une colère ancienne, nourrie de violences policières répétées, de siècles d’insultes et d’exclusions, aussi vieilles que le monde. Non, ce soir-là, ils ne passeraient pas la nuit au poste. Les filles racontaient des histoires sombres sur ces détentions, inventées ou pas, elles étaient terrifiantes.

Alors, les projectiles ont plu — bouteilles vides, chaussures, tout ce qui leur tombait dans les mains, tout ce qui pouvait voler — accompagnés de cris qui réveillèrent Greenwich Village, puis New York, puis les quatre coins du monde.

Dans les décennies qui suivirent, ces mêmes briques ont construit des murs, habillés de tags et de paillettes, devenus refuges, dictionnaires, sanctuaires, où certains s’appuient encore, en attendant le grand amour sur son cheval blanc.

Mais ailleurs, d’autres dressent des murs de briques différentes : dans plus de soixante-dix pays, ils érigent des prisons, des hôpitaux psychiatriques ; ils ont même parlé de sidatoriums il y a trente ans, des cours de récréation où des briques sont lancées contre les moutons noirs. Des briques morales aussi, si « vertueuses » qu’elles refusent l’entrée à certains locataires. Ces briques colorées, qui auraient dû édifier des palais, servent à bâtir des tombeaux où l’on attend la mort. Tombes ou prisons : doubles vies, chaînes invisibles qui ligotent le corps, surveillent chaque geste, chaque ton de voix, addiction fatale au chemsex et aux applications de rencontre qui s’enrichissent grâce au mal-être.

Il faut se souvenir, sentir, dans cette brique originelle, la tension contenue, la force brute qui a brisé des vitres et des prisons, une nuit de juin à New York. Mais le cachot ne se fissure pas de lui-même. Il faut déchiffrer les formules gravées dans les ruines, invoquer les fantômes cachés dans les livres interdits, et, par-dessus tout, aimer.

M

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Lire

12 juin 2025

Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...

Edito
no comment - Sans langue de bois

Lire le magazine

Sans langue de bois

Juin célèbre la langue malgache. Une langue douce, chantante , subtile — que l’on admire, que l’on dit aimer, mais que l’on néglige au quotidien. Mais à sa place, on a un sabir moderne, un étrange cocktail de malgache, de français et d’anglais. Et les jeunes ? Ils jonglent, sans vraiment maîtriser aucune des trois. Alors on s’indigne, on accuse l’école, les réseaux sociaux, l’époque.
Mais ça tape à côté. Les langues sont vivantes, elles mutent, s’adaptent, empruntent. Vouloir figer la langue malgache dans le marbre, c’est oublier qu’elle-même s’est forgée dans les métissages. Au lieu de condamner l’évolution, peut-être faudrait-il l’accompagner avec lucidité. Éduquer sans mépriser. Valoriser sans enfermer. Et surtout, cesser de pleurer une langue qu’on refuse d’habiter pleinement.

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Association Mamelomaso - Alahamadibe

L’Association Mamelomaso a célébré, du samedi 29 mars au lundi 31 mars dernier, l'Alahamadibe, le Nouvel An des Malagasy, à Ankazomalaza - Ambohimanga Rova

no comment - Association Mamelomaso - Alahamadibe

Voir