Avana Rakotomanana : L’art du parfum
5 septembre 2020 // Diaspora // 2744 vues // Nc : 127 - 128

Parfumeuse indépendante, Avana Rakotomanana a créé La Touche Fondamentale. Elle veut mettre en avant le processus créatif de la parfumerie en travaillant à contre-courant et le promouvoir ainsi comme un art à part entière.

Très tôt, elle découvre sa passion pour le parfum. Comme un animal sauvage, elle passe son temps à renifler et analyser ce qui l’entoure. « Mon premier souvenir remonte à mes 4 ans. Vivant en région parisienne, j’ai découvert les odeurs de la nature dans le jardin de campagne de mes parents. Je créais mes premiers ‘‘parfums’’ en écrasant tout et n’importe quoi, dilué dans l’eau. » Vient ensuite sa fascination pour les échantillons de parfums qu’elle décide de collectionner, titillant son intérêt pour l’odorat. Au moment de choisir un métier, celui de parfumeur est une évidence. Avana réalise ainsi un parcours classique en parfumerie, une formation axée sur la chimie, et obtient un master option parfumerie à l’Isipca (Institut supérieur international de la parfumerie, de la cosmétique et des arômes alimentaires à Versailles). « C’est l’école de référence dans le milieu, même si de nouvelles formations intéressantes ont vu le jour depuis. »

Après ses études, elle a la chance d’intégrer deux entreprises différentes dont la seconde lui donne l’opportunité de devenir parfumeur maison pour la marque Aimée de Mars pendant trois ans. En 2017, elle se lance en indépendante « pour pouvoir s’émanciper, travailler sur différents projets et supports ». Elle crée La Touche Fondamentale, un nom qui relie ses deux passions : la parfumerie et la musique. « La touche olfactive est le nom donné aux petites languettes de papier utilisées pour sentir les parfums. Durant mes années de piano, j'ai appris que l'accord stable de base est l'accord parfait, constitué de notes disposées selon un intervalle défini. Les vocabulaires employés dans ces deux domaines sont identiques, cela accentue les similitudes dans leur processus créatif. »

Passionnée par l’effet des odeurs sur nos ressentis, la fameuse « madeleine de Proust », Avana explore différents domaines qui sollicitent la création de l’esprit comme l’art pictural, la musique, l’écriture, le cinéma ou la danse. « Je trouve dommage de limiter la parfumerie à un objet qui sent simplement bon. Je veux aller au-delà de son utilisation conventionnelle en m’inspirant de la synesthésie, l’aptitude d’une personne à pouvoir associer plusieurs sens. C’est pourquoi, je m’associe à différents artistes afin de donner une dimension supplémentaire à leur œuvre et permettre au public de s'évader par le biais de l'olfaction. » Lors de l’exposition Mitady ny tsy hita (À la recherche de l’invisible), en février dernier à Madagascar, Avana a choisi de créer l’odeur du riz en cuisson dans une grande marmite en aluminium, près d’un tsihy (natte pour manger). « Le riz est au centre de la vie malgache, il nourrit le corps et l’esprit, et est d'une certaine manière sacralisé. Le tsihy possède aussi une aura mystique car très utilisé dans les rites, comme les enterrements ou les retournements des morts. Ces deux odeurs se répondent pour n'en faire qu'une. Je trouvais intéressant d'illustrer la vie intime malgache par ces odeurs, qui nous rappellent une présence impalpable au quotidien. »

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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