Randriambola Tsiorimanitra Aimée « Même dans les aires protégées, les animaux sont encore victimes de la chasse. »
19 décembre 2023 // Nature // 3512 vues // Nc : 167

Les 112 espèces de lémuriens à Madagascar sont toutes en danger critique d’extinction, d’après l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Alors, les organismes environnementaux ont le même objectif : préserver ces espèces jusqu’aux générations futures. Et quelle meilleure stratégie que d’impliquer un jeune de cette génération ? À 26 ans, Randriambola Tsiorimanitra Aimée est présentée par WWF comme une jeune engagée dans la protection des lémuriens.

Pourquoi soutenez-vous cette cause ?
J’ai toujours adoré les animaux. En terminale, j’ai entendu parler d’un programme qui protège les orangs-outangs à l’étranger. Je me suis demandé s’il y avait de telles initiatives à Madagascar. J’ai découvert que ce sont surtout les étrangers qui protègent nos lémuriens. Alors, j’ai décidé de devenir activiste naturaliste pour les protéger à mon tour. Je suis en deuxième année de master, mention anthropobiologie et développement durable à l’université d’Antananarivo. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler sur terrain. À Antsohihy, j’ai appris le travail sur terrain et les modes de vie des animaux. J’ai aussi travaillé sur l’Eulemur Coronatus à Nosy Be. Dans l’aire protégée de Tsinjoarivo à Ambatolampy, j’ai étudié le Propithecus Diadema, et le Propithecus Verreuaxi. En suivant des animaux pendant un mois, nous avons collecté des données sur leur santé, leur effectif, leur reproduction, leur nutrition et leurs dépenses d’énergie.

Pour quel constat ?
Même s’ils se trouvent dans les aires protégées, les animaux sont encore victimes de la chasse. C’est le cas, même pour ceux qui sont suivis dans le cadre de nos recherches, alors qu’ils portent des colliers qui les distinguent des autres. La raison est simple : les gens ont faim, ils cherchent à manger et tombent sur ces animaux. Les animaux sont stressés, car ils vivent dans des zones restreintes, des forêts profondément fragmentées. Pour les espèces qui vivent en groupe de cinq individus, c’est difficile de vivre et de manger ensemble sur un espace exigu. Comme toutes les espèces de lémuriens sont en voie d’extinction, on met du temps à les trouver, même dans leur habitat naturel. Leur survie dépend de l’engagement citoyen.

Quelles sont les solutions en place ?
Comme solution d’urgence, des spécimens sont envoyés à l’étranger pour être préservés.
Sauf qu’ils ne vivent pas dans les conditions de leur habitat naturel, car il peut neiger par exemple. Je participe aussi à des conscientisations.
Un groupement local est rattaché à chaque aire protégée, ce sont ces groupes qu’il faut informer sur la protection de la forêt et ses bienfaits.
Quand il y a des étrangers ou des étudiants qui y lancent des recherches, ils sont obligés de recruter parmi la population locale.
Ce qui fait qu’ils se rendent compte que la présence des animaux attire de l’argent pour eux.
Nous créons aussi des écoles communautaires, de quoi sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge. C’est une approche qui accompagne la reforestation proprement dite.

Et les lacunes ?
La société civile s’engage déjà beaucoup, de même que l’opinion publique en général. Le blocage est au niveau de l’Etat. C’est plus un apparat qu’un engagement réel : ils signent les papiers, et nous faisons le reste. Les autorités doivent s’impliquer avec la société civile. Autrement, nous ne nous sentons pas protégés dans nos activités. Même les recherches scientifiques sont compliquées, car on nous interdit de prélever des échantillons. Et quand nous devons collaborer avec des pays étrangers, il n’y a pas de continuité de l’Etat.

La suite de l’engagement ?
Je continuerai à être naturaliste activiste. D’ailleurs, je communique beaucoup en ce moment, à travers les réseaux sociaux. Je veux atteindre ceux qui ne sont pas forcément familiers avec la situation et la protection des lémuriens. Les jeunes sont l’avenir. Grâce à notre bonne volonté, c’est plus facile de convaincre les aînés pour nous soutenir. Nous sommes enthousiastes, mais nous ne maîtrisons pas toute la mise en activité, d’où nous avons besoin des aînés pour nous épauler.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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