Volana Raveloson « 44% de nos forêts ont disparu sur les 60 dernières années »
17 mai 2024 // Nature // 2456 vues // Nc : 172

Situé à l’Est de Madagascar, dans la commune rurale d’Andasibe, la forêt de Maromizaha, également appelée « la forêt d’arbres dragon » à cause de la présence de la Dracaena reflexa de la famille des Liliaceae, abrite une biodiversité riche. Cependant, elle est menacée par la déforestation, notamment à cause de la culture sur brûlis. Raison pour laquelle, Volana Raveloson, assistante de gestion de l’Aire Protégée de Maromizaha, chez GERP Madagascar (Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar) milite pour sauver cette forêt.

Forêt de Maromizaha
© Photo GERP

Quel est l’état actuel des forêts à Madagascar ?
J’ai étudié les sciences à l’Université d’Antananarivo, j’ai choisi de suivre un parcours spécialisé sur les lémuriens, dans la mention Anthropobiologie et Développement Durable. J’ai alors constaté que 80% des espèces végétales et animales à Madagascar sont endémiques, mais elles sont en voie d’extinction car les superficies recouvertes par les forêts diminuent chaque année. 44% de nos forêts ont disparu sur les 60 dernières années.

Qu’avez-vous fait face à ce constat ?
J’ai aimé la Nature depuis mon enfance, c’est grâce à l’éducation, les voyages et les campings chez les scouts, et cet amour s’est accru avec les études à l’Université. J’ai déjà participé à plusieurs événements, comme les reboisements annuels, l’éducation environnementale dans les écoles, la conscientisation sur l’importance de la forêt auprès de ses riverains, leur apprendre le REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation), mais aussi l’organisation de la Journée Nationale des Lémuriens en 2016, et des recherches sur les Lémuriens. Ces déplacements et ces activités m’ont permis de voir la beauté de Madagascar. Ce que j’aime le plus, c’est transmettre des connaissances, et engager les enfants à aimer et à protéger la Nature.

Justement, vous avez sauvé la forêt dans l’aire protégée de Maromizaha ?
L’aire protégée de Maromizaha est dirigée par le GERP. L’aire protégée fait 2150 Ha, dont 955,6 Ha servent d’habitation et de subsistance pour la population. Le GERP a mis en œuvre plusieurs techniques pour protéger la forêt de Maromizaha, dont l’appui aux sources de revenu de la population grâce à la formation, l’introduction de techniques modernes pour arrêter la culture sur brûlis, une méthode qui a toujours prédominé, l’équipement en matériels, graines et pousses pour les agriculteurs, et pour les éleveurs, la pisciculture, l’apiculture, et l’élevage de lapins. Mais aussi la délimitation des propriétés pour qu’ils ne craignent pas une expropriation.

Hapalemur griseus dans l'AP de Maromizaha
© Photo GERP
Calumma parsoni, AP Maromizaha
© Photo GER

Quelles en sont les retombées ?
La protection de Maromizaha est aussi une source d’emplois pour la population locale, ils peuvent être guides, ou cuisiniers pour les chercheurs et les visiteurs ; oui bien des gardes forestiers, ou se charger du transport des bagages à l’arrivée des visiteurs. La conscientisation et l’éducation continues dans la société même et les écoles font qu’ils s’occupent et protègent les animaux et leurs habitats, c’est une méthode efficace pour protéger ces richesses, dont leurs descendants vont hériter. Enfin, il faut une collaboration sérieuse entre les représentants locaux de l’Etat, des fokontany aux régions, les tangalamena et les chefs locaux, c’est très efficace.

Quels sont les défis pour Madagascar ?
Certains responsables ne se sentent pas responsables dans la protection de l’environnement, est-ce à cause du manque de moyens financiers ou matériels ? Il y a de nombreux projets mais nombreux sont ceux qui ne durent pas, c’est juste de l’apparat au final. La corruption et l’abus de pouvoir règnent en maîtres, surtout dans l’exploitation de la forêt et des richesses naturelles. Quant à la population locale, il y a la pauvreté mais aussi cette mentalité qui refuse le changement.

Que peut faire chaque citoyen ?
Faire attention et restaurer ensemble les forêts restantes, augmenter la surface des forêts grâce à un reboisement efficace avec des espèces d’arbre locales. Il faut aussi appliquer le programme d’enseignement qui intègre l’environnement dans toutes les matières, ça va beaucoup aider dans la connaissance et la protection de l’environnement à Madagascar.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Facebook : GERP MADAGASCAR
Contact GERP : gerp@gerp-mg.org

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Lire

12 juin 2025

Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...

Edito
no comment - Sans langue de bois

Lire le magazine

Sans langue de bois

Juin célèbre la langue malgache. Une langue douce, chantante , subtile — que l’on admire, que l’on dit aimer, mais que l’on néglige au quotidien. Mais à sa place, on a un sabir moderne, un étrange cocktail de malgache, de français et d’anglais. Et les jeunes ? Ils jonglent, sans vraiment maîtriser aucune des trois. Alors on s’indigne, on accuse l’école, les réseaux sociaux, l’époque.
Mais ça tape à côté. Les langues sont vivantes, elles mutent, s’adaptent, empruntent. Vouloir figer la langue malgache dans le marbre, c’est oublier qu’elle-même s’est forgée dans les métissages. Au lieu de condamner l’évolution, peut-être faudrait-il l’accompagner avec lucidité. Éduquer sans mépriser. Valoriser sans enfermer. Et surtout, cesser de pleurer une langue qu’on refuse d’habiter pleinement.

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Association Mamelomaso - Alahamadibe

L’Association Mamelomaso a célébré, du samedi 29 mars au lundi 31 mars dernier, l'Alahamadibe, le Nouvel An des Malagasy, à Ankazomalaza - Ambohimanga Rova

no comment - Association Mamelomaso - Alahamadibe

Voir