Onja Razanamaro : « Madagascar est la terre d’origine des baobabs »
2 novembre 2024 // Nature // 4819 vues // Nc : 178

Une étude publiée cette année dans la revue Nature avance que l’ancêtre commun des baobabs serait apparu à Madagascar, et non en Afrique, comme admis précédemment par les scientifiques. Pour Onja Razanamaro, enseignante chercheuse à l’Université d’Antananarivo et spécialiste des baobabs au Centre de recherche du parc botanique de Tsimbazaza, cette découverte doit renforcer davantage la protection des baobabs.

Parlez-nous de la découverte ?
Avant, on a pensé que l’espèce Adansonia digitata était déjà présente sur le supercontinent Gondwana, et qu’ensuite Madagascar s’est détaché du Gondwana avec elle. Avec le microclimat de Madagascar et de sa localité, d’autres espèces se sont formées suite à l’adaptation de l’Adansonia digitata, d’où les six espèces de baobab qu’on trouve naturellement ici.

Adansonia grandidieri à Andranopasy dans la région Menabe

Mais suite à cette coopération entre le Jardin Botanique de Wuhan (Chine) et l’Université d’Antananarivo, on s’est rendu compte que toutes les espèces qu’on trouve à Madagascar sont apparues après que l’île se soit détachée du Gondwana. Même l’espèce Adansonia digitata est apparue après la dislocation du Gondwana, donc elle ne vient pas de l’Afrique. Ce qui veut dire que toutes les espèces de baobab en Afrique et en Australie viennent de Madagascar. C’est sûrement par la dispersion de graines qui a permis à l’Adansonia digitata d’arriver en Afrique par la suite.

Qu’est-ce qui a conduit à cette recherche ?
Les recherches scientifiques démarrent toujours à partir d’une hypothèse. Ce qui a conduit à cette recherche, c’est la curiosité des scientifiques en voyant qu’il y a beaucoup de baobabs à Madagascar. Alors ils se sont interrogés comment se fait-il qu’il y ait beaucoup d’espèces ici s’ils viennent réellement de l’Afrique ? D’où ces recherches. C’était une collaboration entre le Californian Academy of Sciences et le Wuhan Botanical Garden, avec des chercheurs Malgaches. Leur expédition a duré un an l’année dernière, c’était rapide.

Dès qu’ils trouvaient un échantillon, c’était facile pour eux de faire des simulations et des datations, ils utilisent des technologies de pointe. Quand il y a des collaborations avec des chercheurs étrangers, les travaux se font souvent en paire. Les chercheurs Malgaches ont facilité les recherches à Madagascar, nous connaissons bien les baobabs, nous savons où se trouvent les baobabs. Ils ont aussi participé à l’écriture de l’article sur cette découverte.

Quelle est l’importance de cette découverte pour l’environnement ?
Depuis toujours, on se sert du baobab comme un emblème de Madagascar, que ce soit en tourisme et dans les publicités. On doit être soucieux de préserver les baobabs, tout comme la Chine pour ses pandas. En termes de conservation, cette découverte est importante pour la communauté scientifique malgache et les Malgaches, car à part les orchidées, le baobab est une plante admirée à l’international.

Le baobab est encore peu étudié malgré les efforts en termes d’études sur la pollinisation, la dispersion, les valeurs socio-économiques et la génétique. Les scientifiques ont tendance à dire que les baobabs sont des archives environnementales, la présence d’un baobab prouve qu’il y a eu une forêt à côté, tout un écosystème qui a vécu avec cet arbre. Cette découverte renforce notre identité, c’est pour cette raison que la conservation doit être aussi importante, la protection des sites où il y a des baobabs.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Photo : Onja Razanamaro

onja.razanamaro@gmail.com

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Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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