Mad’Anim « Créer une communauté autour du funk style »
12 juin 2024 // Arts de la scène // 3699 vues // Nc : 173

En novembre 2023, Lovaniavo et Marin ont fondé Mad’Anim, une structure artistique axée sur les animations culturelles, avec un accent particulier sur la danse. Marin, est spécialisé en locking et en hip-hop, et Lovaniavo, est experte en waacking. Originaires de France, ils ont décidé de s'installer à Madagascar pour donner vie à leur vision. Nous les avons rencontrés dans leur studio à Ambohipo...

Le waacking, c’est quoi ?
Lovaniavo : C’est une danse née dans les années 70 à Los Angeles, aux Etats-Unis, au sein de la communauté LGBTQ+ afro-latino-américaine. Elle a émergé dans les clubs, où cette communauté oppressée se sentait en sécurité pour s’exprimer. Le waacking se caractérise par des mouvements fluides des bras et des mains, souvent synchronisés avec la musique disco funk. Cela perdure jusqu’à nos jours, ce qui explique l’attachement à son histoire et à son essence, en tant que moyen de défendre notre identité. Formée en France pour devenir porte-parole ici à Madagascar, je trouve important que les danseurs et danseuses malgaches connaissent cette discipline. Au-delà de son aspect visuel, le waacking est porteur d’une histoire profonde, c’est pourquoi je m’engage à la transmettre de manière authentique. C’est également la raison pour laquelle je m’adresse aux personnes queer à Madagascar. Avec Mad’Anim, nous avons organisé l’événement « Zah' Vavy Mpandihy » au cours duquel nous avons même collaboré avec une amie queer. En résumé, le waacking dépasse le simple cadre de la danse. Il incarne un engagement profond et véhicule un sens puissant.

Et le locking ?
Marin : C’est un style de danse funk qui trouve ses origines dans les années 60 et 70, aux Etats-Unis, marquées par une explosion créative au sein de la culture afro-américaine. Il se caractérise par des mouvements de bras distinctifs, des pauses soudaines. Bien que ce ne soit pas la même communauté que celle du waacking, ces deux styles de danse sont étroitement liés par la musique disco funk et par les revendications de représentation culturelle des minorités de cette époque. Le locking est un style de danse funk qui trouve sa place à Madagascar, avec quelques danseurs qui représentent bien le style dans les battles, ce qui est très agréable à voir. Notre objectif est alors de créer une communauté autour de la culture funk, et d’organiser des événements mettant en avant le funk avec les styles locking, popping et waacking. Ces trois disciplines constituent ce que l’on appelle le Funk Style.

Quelles sont vos activités ?
Nous enseignons la danse, en particulier dans un groupe scolaire exclusif, la Pépinière 1. Actuellement, c’est notre unique partenariat. D’abord, notre objectif est de transmettre la danse aux enfants pour favoriser leur bien-être et leur émancipation. Parallèlement, nous organisons des événements culturels. Nous intervenons également dans le cadre de projets, comme récemment dans le projet Dihy, où nous avons dispensé des cours de waacking et de hip-hop. Ensuite, nous avons participé à la semaine de la danse organisée par l’Alliance Française de Mahajanga. En dehors de cela, nous collaborons avec des entreprises en proposant des animations et en accompagnant des artistes.  Nous sommes aussi impliqués dans la création de spectacles, cherchant à les présenter au maximum ici à Madagascar. Le spectacle «Fruits des bois» est en constante évolution, et nous avons l’intention de le développer davantage en impliquant d’autres danseurs dans cette création.

Vos projets ?
Dans un futur proche, nous prévoyons d’ouvrir des cours réguliers dans notre salle, dès la rentrée. L’objectif de Mad’Anim est de fournir un espace aux artistes pour collaborer avec d’autres, avec lesquels nous avons une connexion. Nous avons déjà travaillé avec des DJ, des photographes, des artistes peintres et bien d’autres encore. Notre rêve est d’avoir un espace encore plus grand que celui que nous avons actuellement, où tous les artistes pourront venir s’entraîner, échanger, créer et collaborer. Nous ressentons un manque dans ce domaine ici, et nous sommes déterminés à y remédier. Tout cela est essentiel pour faire évoluer la danse. De plus, nous souhaitons démontrer que la danse n’est pas simplement un loisir, mais bien un métier à part entière. Ainsi, la valorisation de cet art est primordiale à nos yeux et c’est pourquoi nous nous engageons à le défendre et à le professionnaliser. Dans cette optique, nous offrons un accompagnement ou un coaching aux danseurs souhaitant aller loin dans leur pratique.

Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana
Facebook : Mad’Anim
Contact : +261 38 35 025 73

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Lire

12 juin 2025

Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...

Edito
no comment - Sans langue de bois

Lire le magazine

Sans langue de bois

Juin célèbre la langue malgache. Une langue douce, chantante , subtile — que l’on admire, que l’on dit aimer, mais que l’on néglige au quotidien. Mais à sa place, on a un sabir moderne, un étrange cocktail de malgache, de français et d’anglais. Et les jeunes ? Ils jonglent, sans vraiment maîtriser aucune des trois. Alors on s’indigne, on accuse l’école, les réseaux sociaux, l’époque.
Mais ça tape à côté. Les langues sont vivantes, elles mutent, s’adaptent, empruntent. Vouloir figer la langue malgache dans le marbre, c’est oublier qu’elle-même s’est forgée dans les métissages. Au lieu de condamner l’évolution, peut-être faudrait-il l’accompagner avec lucidité. Éduquer sans mépriser. Valoriser sans enfermer. Et surtout, cesser de pleurer une langue qu’on refuse d’habiter pleinement.

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Association Mamelomaso - Alahamadibe

L’Association Mamelomaso a célébré, du samedi 29 mars au lundi 31 mars dernier, l'Alahamadibe, le Nouvel An des Malagasy, à Ankazomalaza - Ambohimanga Rova

no comment - Association Mamelomaso - Alahamadibe

Voir