En septembre, de grandes figures de la scène culturelle malgache se sont retrouvées à l’Institut français de Madagascar pour évoquer le Sud, à l’occasion de la présentation du livre de Dominique Ranaivoson, « Madagascar : Écrire le Grand Sud ». Paru cette année aux éditions Sépia, l’ouvrage propose une lecture sensible et plurielle de cette région encore trop souvent réduite à des clichés.
Autour de la table, les journalistes Latimer Rangers et Gaëlle Borgia, le plasticien Temandrota, et la poétesse Poety Rebely. Tous ont parlé du Sud à leur manière — avec leurs souvenirs, leurs blessures parfois, leurs attachements surtout. Loin des visions figées, ils ont offert une « exploration du Grand Sud : récits, images et imaginaires », entre confidences et réflexions sur ce territoire à la fois rude et poétique.

L’événement accompagnait la présentation de l’ouvrage de Dominique Ranaivoson, enseignante-chercheuse à l’Université de Lorraine et spécialiste des littératures francophones. « Je trouve important, voire impératif, que ce ne soit pas une seule voix, mais un ensemble de voix. C’est dans ce souci d’un chœur, d’une pluralité, que j’ai voulu faire exister aussi les voix du Sud », confie-t-elle. Le livre et la conférence entendent tous deux déconstruire la vision parfois simpliste transmise par d’anciens voyageurs, chercheurs ou écrivains.
Le recueil réunit poésies et nouvelles d’auteurs du Sud, en français, parmi lesquels David Jaomanoro, Poety Rebely, Lila Ratsifandrihamanana, Louis Szumski et Latimer Rangers. On y croise des cris contre la faim, des révoltes face à l’injustice, mais aussi des fragments de beauté et de résistance. « Je me suis dit qu’il fallait que les gens du Sud parlent d’eux-mêmes, pour les montrer non pas tels que les autres les voient, mais tels qu’eux-mêmes se voient », explique Dominique Ranaivoson.
Avec « Madagascar : Écrire le Grand Sud », l’autrice signe une œuvre qui bouscule l’imaginaire d’un “ailleurs” lointain et désertique. Elle en révèle la chaleur humaine, la dignité et la profondeur. « Mon espoir, c’est que ce livre transforme le regard de tout le monde sur les habitants de ces régions, pour en finir avec l’image de supériorité ou celle, inverse, du misérabilisme. Ils ne sont ni au-dessus ni en dessous, ils sont avec nous, au cœur même de la nation », martèle-t-elle. Dominique Ranaivoson prévoit désormais de poursuivre sa démarche en rencontrant d’autres écrivains du pays, convaincue que la littérature peut, elle aussi, réparer une géographie du regard.
Rova Andriantsileferintsoa
Contact : ranaivoson-hecht@wanadoo.fr