Dominique Ranaivoson : Paroles du Sud
4 novembre 2025 // Littérature // 1442 vues // Nc : 190

En septembre, de grandes figures de la scène culturelle malgache se sont retrouvées à l’Institut français de Madagascar pour évoquer le Sud, à l’occasion de la présentation du livre de Dominique Ranaivoson, « Madagascar : Écrire le Grand Sud ». Paru cette année aux éditions Sépia, l’ouvrage propose une lecture sensible et plurielle de cette région encore trop souvent réduite à des clichés.

Autour de la table, les journalistes Latimer Rangers et Gaëlle Borgia, le plasticien Temandrota, et la poétesse Poety Rebely. Tous ont parlé du Sud à leur manière — avec leurs souvenirs, leurs blessures parfois, leurs attachements surtout. Loin des visions figées, ils ont offert une « exploration du Grand Sud : récits, images et imaginaires », entre confidences et réflexions sur ce territoire à la fois rude et poétique.

L’événement accompagnait la présentation de l’ouvrage de Dominique Ranaivoson, enseignante-chercheuse à l’Université de Lorraine et spécialiste des littératures francophones. « Je trouve important, voire impératif, que ce ne soit pas une seule voix, mais un ensemble de voix. C’est dans ce souci d’un chœur, d’une pluralité, que j’ai voulu faire exister aussi les voix du Sud », confie-t-elle. Le livre et la conférence entendent tous deux déconstruire la vision parfois simpliste transmise par d’anciens voyageurs, chercheurs ou écrivains.

Le recueil réunit poésies et nouvelles d’auteurs du Sud, en français, parmi lesquels David Jaomanoro, Poety Rebely, Lila Ratsifandrihamanana, Louis Szumski et Latimer Rangers. On y croise des cris contre la faim, des révoltes face à l’injustice, mais aussi des fragments de beauté et de résistance. « Je me suis dit qu’il fallait que les gens du Sud parlent d’eux-mêmes, pour les montrer non pas tels que les autres les voient, mais tels qu’eux-mêmes se voient », explique Dominique Ranaivoson.

Avec « Madagascar : Écrire le Grand Sud », l’autrice signe une œuvre qui bouscule l’imaginaire d’un “ailleurs” lointain et désertique. Elle en révèle la chaleur humaine, la dignité et la profondeur. « Mon espoir, c’est que ce livre transforme le regard de tout le monde sur les habitants de ces régions, pour en finir avec l’image de supériorité ou celle, inverse, du misérabilisme. Ils ne sont ni au-dessus ni en dessous, ils sont avec nous, au cœur même de la nation », martèle-t-elle. Dominique Ranaivoson prévoit désormais de poursuivre sa démarche en rencontrant d’autres écrivains du pays, convaincue que la littérature peut, elle aussi, réparer une géographie du regard.

Rova Andriantsileferintsoa

Contact : ranaivoson-hecht@wanadoo.fr

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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