Izika : Etrange, donc beau
15 août 2025 // Littérature // 3548 vues // Nc : 187

À 30 ans, Izika, originaire d’Antsiranana, tisse depuis cinq ans des fragments poétiques et des instants en prose dans des revues de l’océan Indien. Récemment revenu sur les réseaux sociaux, il choisit Instagram comme terrain d’expérimentation : une bulle où, déjà, son reflet dans une flaque annonce une écriture qui joue avec l’inversion et les multiples façons de se dire.

© Hanta Léatitia

Qui vous lit ?
On me lit parfois par amour — pour ce que je suis, ou ce qu’on projette sur moi. Ce sont souvent des proches ou des lecteurs qui retrouvent une part d’eux-mêmes dans mes fragments. Mon écriture est cryptée. Elle joue avec le langage pour brouiller les pistes, poser un voile sur l’intention. Ici, une antiphrase, là une parabole. C’est ma manière de me défendre tout en créant de l’espace pour la rencontre. Comme les ocelles sur les ailes des papillons, qui imitent des yeux : elles protègent des prédateurs, mais séduisent aussi. Mes textes sont des lieux vulnérables où le cœur se met à nu… mais déguisé. On n’y entre qu’en acceptant de lire entre les lignes.

Que contiennent vos textes ?
Ils sont une tentative de résistance face à une société qui gomme les singularités. Microscopiques dans la forme, panoramiques dans le fond, mes mots mêlent subjectivité assumée et dialogisme : plusieurs voix qui se répondent. On y trouve des symboles, des ruptures de ton, une naïveté affectée, un regard queer, la sublimation du désespoir.

Mais mes deux axes majeurs restent l’étrangeté et l’altérité. Écrire, pour moi, c’est affirmer son être, offrir un refuge, une passerelle dans un monde polarisé. Réalisme, fiction ou sci-fi, peu importe : l’essentiel est de transmettre ces qualia, ces expériences intimes qu’on ne peut expliquer mais que chacun peut ressentir. Là se loge la poésie.

Étrangeté et altérité ?
L’enfance a laissé son empreinte. J’ai grandi dans un univers où le fantastique se mêlait au réel, peuplé de figures comme le Karabida — le Croque-Mitaine local. En malgache, hafa signifie autre, et hafahafa étrange. C’est le même spectre. Mon écriture célèbre cette beauté de la complexité, la poésie de l’incompréhension. Un texte comme « Les halos rouges ont l’habitude, dans leur vie subite et sommaire, de prendre une certaine altitude avant de s’éteindre dans la mer » traduit ce désir de saisir l’instant, le fragile, l’éphémère.

Vous écrivez en plusieurs langues…
Je navigue entre le français, un peu d’anglais et de l’antakarana. En 2022, des lecteurs ont noté des traces de merina ou betsimisaraka dans mes textes en malgache. Cette hybridité ne fragmente pas, elle enrichit. Elle reflète ma mémoire et l’environnement qui m’a façonné.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : alittletrack

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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