L’évangile du nouveau monde, le dernier message de Maryse Condé
30 septembre 2025 // Littérature // 2273 vues // Nc : 188

Le dernier roman de Maryse Condé, L'Évangile du Nouveau Monde est une œuvre intrigante. L’écrivaine entame son roman alors qu’elle est déjà aveugle. Elle doit alors dicter son livre. Des questions se posent dès lors. Pourquoi un tel livre et à ce moment là?

Un roman, un dernier
La raison qui a poussé l'écrivaine à prendre de nouveau le chemin ardu de son art au terme d'une vie, questionne. Atteinte de cécité, écrire, écrire encore, peut-être une dernière fois avant de rendre l'âme, mais pourquoi ? À ce stade d'une carrière, tout n'a-t-il pas déjà été écrit ? Les honneurs, la reconnaissance n'ont-ils pas déjà couronné le dur labeur, le talent, l'art de la grande Maryse Condé? En parcourant L'Évangile du Nouveau Monde, la réponse vient. On y sent une Maryse Condé joueuse qui a la plume facile. Les mots viennent, coulent, deviennent rivières, ruisseaux, minces filets, torrents, au gré du souffle d'une écrivaine qui s'amuse et s'arroge le droit de jouer de ses mots, même devant la mort, même la vue perdue. Écrire, écrire toujours, et cela jusqu'au dernier précipice. Peu importe l'histoire, même s’il faut dire qu’elle est belle et horrible, le fait même d’avoir écrit est ici divin. C'est une revendication silencieuse, celle de la vie, la vraie, qui ne plie pas, jamais.

Une histoire aussi vieille que le monde
Plus un sujet a été traité plus il est difficile de l’aborder. Car l’histoire que nous livrent les lignes successives de ce petit roman n'est pas inédite. L'Évangile du Nouveau Monde, est une ambition déjà tentée. Mise à part La Bible, c'est Le Christ re-crucifié de Kazantzaki, par exemple, ou encore les romans de José Saramago. Cependant, Marysse Condé met ce récit tant ressassé à son échelle, à la hauteur des Caraïbes et du monde moderne. Elle a su insufflé à cette histoire une tropicalité ne s’encombrant pas d’exotisme. Le style est là, il porte l'ensemble. Et à la fin, un message, comme un testament. Car la dernière heure vient et un message s'impose. Et c’est l’amour toujours, un amour que Pascal, le personnage principal, ne va pas trouver dans l’élèvement christique. Ce n’est pas le caritas d’un Jésus de Nazareth car Pascal est plus humain. C’est un amour simple, accessible, celui qu’il a pour sa femme, une prostituée reconvertie. Un amour faillible mais touchant. Un amour bien réel.

Les critiques d'Elie Ramanankavana

Poète / Curateur d'Art / Critique d'art et de littérature / Journaliste

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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