Richianny Ratovo : La parenthèse enchantée
3 août 2021 // Arts Plastiques // 4919 vues // Nc : 139

Lauréate de la cinquième édition du prix d’art contemporain Paritana avec « La Parenthèse », l’artiste plasticienne Richianny Ratovo exposera son œuvre à l’IFM en octobre prochain. Au menu peinture et et pyrogravure avec un art accompli de sublimer le cuir.

Ce n’était pas sa première participation à Paritana ; elle y a été sélectionnée parmi les dix nominés en 2018 et 2019. Des petites victoires qui l’ont fait grandir. « Pour ma première participation, j’étais jeune et j’étais persuadée d’exceller dans le dessin. C’était mon premier échec, j’étais déçue mais j’ai beaucoup appris grâce aux rencontres. Pour la seconde, je me suis dit que j’allais me démarquer dans la technique en proposant mes œuvres en pyrogravure. Je pense que c’était l’erreur car je savais qu’il me manquait encore quelque chose. » Résolue à faire de l’art son métier, elle prend pourtant une longue pause, se construit une bulle, dessine énormément, sans vraiment ressentir le besoin de se lier au monde extérieur. « Je me suis enfermée dans ma zone de confort. Je savais que c’était toxique, il fallait que la vie me frappe un grand coup ! »

Et le déclic arrive par la force des choses, confrontée aux problèmes de santé de sa mère, entre autres. En plein traumatisme, Richianny développe une forme de résilience et réussit à réaliser une exposition collective à Toamasina. « Là-bas, j’ai vécu quelque chose de magnifique malgré les épreuves que j’endurais. Mon meilleur ami m’a rassuré en me disant que c’était une belle parenthèse. Et là, je ne me sentais plus coupable d’être heureuse, moi qui avais l’habitude de vivre pour les autres. » Elle produit alors une esquisse qui sera la première œuvre de La Parenthèse « J’ai d’abord commencé par la peinture acrylique sur toile, ensuite l’aquarelle, l’huile et maintenant la pyrogravure sur cuir où l’on dessine avec une sorte de fer à souder. » Le cuir, un matériau qu’elle connaît bien, étant issue d’une famille d’artisans ferronniers, spécialisés également dans la fabrication de sacs en raphia et en cuir.  

Elle utilise indifféremment le cuir de mouton, de chèvre ou de zébu, chacun ayant ses spécificités. Pour de petites dimensions, le cuir de mouton est parfait, car plus mou et permettant de jouer avec les textures. Le cuir de zébu est idéal pour les grands formats. « C’est très physique comme travail. Je tends le cuir avec des cordes sur un châssis ou bien je le colle sur du contreplaqué pour avoir une surface plane. » Adepte du figuratif, elle apporte néanmoins une touche contemporaine en intégrant les personnages dans un fondu abstrait. « Je prends beaucoup de photos de gens dans la rue. Je leur invente des histoires et c’est comme ça que le sujet me vient. »

Perfectionniste, elle estime que ses œuvres manquent encore de profondeur, de volumes, et travaille présentement sur une technique consistant à gratter le cuir pour lui donner plus de relief. Dans La Parenthèse, Richianny a choisi de combiner la peinture et la pyrogravure en ajoutant d’autres éléments comme la boue, le bois et l’argile. Elle présentera les fruits de son travail à l’Institut français de Madagascar (IFM) en octobre après une résidence de trois mois à la Cité internationale de Paris.

Ethnie Antandroy - Bara
2020
210 x 130
Pyrogravure sur cuir
Sitraka
2018
30 x 30
Pyrogravure sur cuir
Amboroa
2020
160 x 160
Huile sur toile


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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