TSA : Gardiens des carapaces malgaches
6 août 2025 // Nature // 5073 vues // Nc : 187

Menacées à l’échelle mondiale, les tortues terrestres malgaches font l’objet d’un combat urgent mené par l’ONG internationale Turtle Survival Alliance (TSA). Présente dans 17 pays, TSA concentre à Madagascar son programme le plus ambitieux. À l’occasion du retour du festival culturel Rebeke, dédié cette année à la protection de ces espèces emblématiques, rencontre avec Andry Fandresena TRINH VAN MOÏ, responsable plaidoyer, partenariats et communication.

Lily handling an individual of Henst Goshawk in Masoala
(c) Russell Thorstrom 1994

Quelles sont les activtés de TSA à Madagascar ?
Depuis 2011, Turtle Survival Alliance (TSA) se consacre à la conservation des quatre espèces de tortues terrestres endémiques : Astrochelys radiata (sokake), Astrochelys yniphora (angonoka), Pyxis arachnoides (sokabato) et Pyxis planicauda. L’association agit sur quatre axes : prise en charge des tortues issues des trafics, réintroduction dans leur milieu naturel, implication des communautés locales et soutien aux institutions publiques. Ces trafics, multiformes, vont de la vente illégale à l’exportation clandestine, en passant par le prélèvement pour la consommation ou même la domestication, une pratique souvent ignorée mais strictement interdite par la loi malgache et la convention CITES.

Quelle est l’ampleur de ces trafics et comment y répondez-vous ?
À ce jour, TSA héberge environ 23 000 tortues dans ses centres, dont plus de 1 000 confisquées rien qu’en 2024. Les saisies connaissent des pics avant l’hiver, période où les tortues sortent chercher de l’eau et deviennent plus vulnérables. L’objectif est ambitieux : réintroduire chaque année jusqu’à 5 000 tortues. Mais cela exige des études précises sur les habitats et la disponibilité des ressources.

« Lors de notre lancement, nous avons dû prendre en charge 10 000 tortues en une seule année », rappelle TSA. Chaque tortue reçoit des soins vétérinaires, passe en quarantaine, puis rejoint les centres d’acclimatation d’Androy ou d’Atsimo Andrefana. En parallèle, des études écologiques et sociales permettent d’identifier les zones de réintroduction tout en collaborant avec les communautés locales.

Ces communautés ont-elles un rôle clé ?
Absolument. Les trafics sont souvent liés à la pauvreté. TSA développe des activités génératrices de revenus, forme à l’agriculture durable, construit des infrastructures scolaires et propose des alternatives pour réduire la dépendance aux ventes illégales. Les croyances traditionnelles jouent aussi un rôle ambivalent : certaines alimentent les trafics — comme l’idée que les tortues soignent ou protègent de la foudre — mais d’autres, comme à Androy où elles sont vénérées, peuvent être des leviers pour la conservation.

Des projets ou événements pour sensibiliser ?
TSA organise cette année le festival Rebeke à Tsihombe (28-30 août), où le chant Beko et la protection des tortues s’entremêlent. À Antananarivo, une campagne contre la domestication sera prochainement lancée, assortie d’un tournoi de football au Stade Barea, avec animations et stands éducatifs. « Multiplier les formats, c’est aussi multiplier l’impact », conclut TSA.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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