Lova Rina Raharinaivo : « Le nombre de femmes scientifiques malgaches augmente »
7 février 2023 // Nature // 3354 vues // Nc : 156 - 157

Elle fait partie des 20 chercheuses africaines qui ont été récompensées par le « Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science », le 1er décembre dernier, à Abidjan (Côte d'Ivoire). Ses travaux sur la pollution plastique et ses alternatives à Madagascar ont convaincu le jury.

Comment avez-vous été sélectionnée pour le « Prix Jeune Talent » de la Fondation L’Oréal-Unesco ?
Comme son nom l’indique, le programme régional Jeunes Talents Afrique subsaharienne L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science vise à promouvoir la participation des Africaines (doctorantes et post-doctorantes) dans tous les domaines de la science. Je suis, pour ma part, doctorante en sciences de la vie et de l’environnement. Comme pour les 19 autres « jeunes talents » récompensés par l’édition 2022, ma candidature a été retenue parmi 425 dossiers qui émanaient de 48 pays de la région. La Fondation a tenu compte à la fois, comme l’indique le règlement, de la « qualité du document de candidature » et de l’« excellence scientifique des travaux de recherche ».

Pourquoi avoir choisi le domaine scientifique ?
J’ai toujours admiré les gens en blouse blanche dans les laboratoires. J’ai fait mes études à Toliara ,et c’est après mon baccalauréat série D que j’ai décidé de devenir scientifique. Après mon DEA en océanologie appliquée, obtenue en 2018 à l’Institut halieutique et des sciences marines (IHSM) de Toliara, j’ai travaillé dans le cadre d plusieurs projets en collaboration avec IHSM, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et OCEA Consult’, organisme consultant en environnement aquatique. Et maintenant, je suis en train de réaliser mon doctorat.

Pouvez-vous nous résumer votre thème de recherche ?
Mon projet « Bioplastiques et algoculture villageoise à Madagascar » vise à démontrer que l’algoculture est une activité génératrice de revenus pour les villageois. À partir algues, on peut fabriquer des sacs bioplastiques, donc biodégradables, mais également produire des carraghénanes, un additif abondamment employé comme épaississant et gélifiant par l'industrie alimentaire.

Les bioplastiques sont aussi une alternative à la pollution plastique ?
On est en train de calculer avec précision la quantité de matières plastiques qui s’accumulent dans les habitats et les organismes marins, elle est énorme ! En raison de leur abondance et de leur durabilité, ces déchets menacent à la fois la biodiversité marine et l'homme. La mort des animaux marins par étranglement dû aux plastiques est connue, mais la présence de fragments microscopiques de plastique en mer présente aussi des risques. L'ingestion de microplastiques a des effets sur les animaux qui les absorbent tout comme chez l’homme qui consomme ces derniers.

Que vous apporte concrètement ce prix, en plus de la dotation de 10 000 euros pour les doctorantes et de 15 000 euros pour les post-doctorantes ?
Chaque candidate sélectionnée obtient plus de visibilité et de support dans la réalisation de ses recherches, avec également un séjour de formation sur le leadership, la négociation, l’éthique de la recherche, etc. Pour moi, c’est à la fois une réussite personnelle et une fierté comme femme africaine. La science n’a pas de genre et je suis heureuse de constater que le nombre de femmes scientifiques malgaches a augmenté ces derniers temps. Cela signifie que plus de femmes s’intéressent à la science, et c’est très encourageant, même si trop peu encore poursuivent jusqu’au doctorat et à l’habilitation à diriger des recherches.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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