Rafaly : Silent, ça tourne
16 août 2025 // Métiers & Petits Métiers // 2996 vues // Nc : 187

On le voit tous les jours assis à même le trottoir, derrière des outils et des tas de pièces en caoutchouc. À Ambodivona, du lundi au samedi, tôt le matin jusqu’à tard l’après-midi, il se positionne comme le guru des automobilistes et motards agacés par les bruits des pièces métalliques qui s’entrechoquent. Ses « silanblok » (silent-block) artisanaux – fabriqués sur mesure – sont de véritables calmants. Pour les véhicules et leurs conducteurs.

« Mila silanblok ve ramose ? » (Besoin de silentblocs, Monsieur ?), s’empresse de demander Rafaly, dès qu’un passant ou un automobiliste tourne son regard dans sa direction. Son métier, depuis cinq ans, consiste à fabriquer – manuellement – ces pièces en caoutchouc qui servent à absorber les vibrations et les chocs entre les pièces mécaniques des voitures et des motos. « Et surtout, à réduire les bruits et améliorer le confort de conduite », s’insurge-t-il en ajoutant quand on explique mal ce qu’est un silentbloc. Passionné par ce qu’il entreprend, l’homme, dans la quarantaine, confie que son travail paie bien. « Bien qu’il ne soit pas difficile du tout », dit-il tout en peaufinant le caoutchouc pour la suspension du SUV garé juste à côté de lui.

Le plus difficile serait d’aller dénicher – un peu partout – des chutes de pneus, sur lesquelles il va couper un bout pour fabriquer les silentblocs demandés. « Il ne faut pas prendre n’importe quel pneu. Seuls ceux des gros engins font l’affaire », précise-t-il. Équipé d’un fraiseur qu’il a lui-même fabriqué, d’une panoplie de couteaux, de quelques boîtes de colle et d’autres outils encore, Rafaly – aidé d’un jeune assistant – prend 15 à 20 minutes pour réaliser la pièce commandée. « Il suffit juste que le client nous montre le modèle de la pièce à fabriquer, et le tour est joué. Avec nous, il n’y a pas de commande trop difficile ou irréalisable. Ici, c’est “satisfait ou satisfait” », lance-t-il, publicitaire. Pour ce qui est des tarifs, ça dépend de la taille et de la rareté du silentbloc. Ça part de 3 000 ariary à plus de 40 000 ariary la pièce. Comme tout métier, la fabrication de silentblocs connaît des jours avec et des jours sans. « La saison faste, c’est l’été. Les nids-de-poule sur nos routes en sont la cause », fait-il savoir.

Ce métier, Rafaly l’a appris d’un aîné. Et alors qu’il travaille depuis cinq ans pour son propre compte, il prend régulièrement des apprentis pour les former. « C’est facile. Il suffit de regarder et de suivre les directives », lance-t-il, l’air serein. Rafaly n’a point peur de transmettre ses compétences aux plus jeunes, qui seront – sans aucun doute – ses propres concurrents dans peu de temps. « Ils maîtriseront les techniques. Mais moi, j’ai mes clients fidèles qui me choisiront toujours grâce à mon sérieux et à la qualité de mon travail », confie-t-il.

Rova Andriantsileferintsoa

Contact : +261 38 737 36

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Make up : Réalisé par Samchia 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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