Fehikanto : « Il est permis de consommer l’art »
12 août 2024 // Arts Plastiques // 6356 vues // Nc : 175

C’était le Samedi 8 juin dernier à la Cité des Cultures à Antaninarenina. Dans une salle de conférence remplie, les questions du public abondent suite à l’intervention de l’artiste peintre Ponk sur les bienfaits de l’art, dans le cadre de Hizara Kanto, un programme organisé par Fehikanto. Evénement réussi pour cette ONG, qui veut donner l’accès aux connaissances artistiques à la population malgache. Pour Braian Razafinony, le président fondateur, il est crucial de continuer à guider ceux qui veulent suivre un parcours dans le domaine de l’art et de la culture.


Chez Fehikanto, ils sont une poignée d’artistes photographes, des passionnés d’écriture et d’arts plastiques. Avec leurs parcours respectifs, ils ont compris le potentiel artistique qu’a Madagascar, hélas souvent sous-estimé. « Ici, ce n’est pas très bien vu de dire à ses parents qu’on veut devenir artiste. Nous voulons que la société malgache comprenne que l’art n’est ni mauvais ni de seconde zone. Il y a beaucoup de métiers concernant l’art et la culture, comme l’art de la scène, l’art médiatique, artisanal. » L’équipe reconnait que cette incompréhension résulte d’un manque d’explication, que ce soit à l’endroit des artistes ou du public. Fehikanto se positionne alors comme un guide pour ceux qui sont dans le flou, qui ne savent pas quoi penser de leur domaine de travail, ou qui sont perdus dans leur parcours académique ou professionnel. « Notre but n’est pas que tout le monde devienne artiste, mais de donner une nouvelle façon de penser, de leur dire que c’est permis de consommer l’art. »

Pour apporter un nouveau regard sur ce qu’est une carrière dans le domaine de l’art et de la culture, Fehikanto a organisé des ateliers de partage cette année. Avec Nicky Aina, photographe biologiste et formateur en photographie, il était question des conseils pour vivre de son art. Pour le coup, il ne s’agit pas seulement de techniques pour faire venir la muse, mais aussi de conseils sur le côté administratif, le statut en tant que professionnel. Le deuxième atelier concernait l’importance de la transmission de son art avec Tanteliniaina Ramarozatovo, une séance riche en partages. Le rendez-vous mensuel Hizara Kanto ressemble plus à une conférence, avec davantage de participants. « Pendant ces événements, des participants nous disent que c’est un bon projet, ils veulent aider, c’est peut-être un début de déclic, en tout cas, ils ont ressenti quelque chose. Ces activités sont gratuites car nous voulons rendre accessibles les connaissances. Par contre, il y a un coût pour les programmes de mentorat où un artiste vous suit avec des formations théoriques et pratiques. »

Justement, Fehikanto met en place une plateforme de mentorat, où il y aura un artiste qui s’occupera d’une cohorte sur une période donnée, répartie sur différents niveaux. Pour la suite, l’ONG projette d’avancer davantage dans sa mission. Elle prépare des camps d’art, un weekend dans la nature pour un éveil artistique, avec un artiste. L’équipe compte aussi organiser des colloques d’art, rassemblant des professionnels qui œuvrent dans le domaine de l’art autour d’un thème. « On compte aussi organiser des brunchs culturels. Nous ne voulons pas nous mettre dans la ligne de mire de quelqu’un, nous voulons fédérer. Nous avons parlé avec beaucoup d’acteurs culturels récemment. Certains disent qu’il faut se serrer les coudes, déjà que nous ne sommes pas beaucoup à Madagascar. Il ne faut pas qu’il y ait des rivalités, il faut créer des événements pour se rencontrer, découvrir des artistes, parler de projets culturels. »

Mpihary Razafindrabezandrina

fehikanto@gmail.com

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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