Romain Rakotoarimanana : La transmission comme inspiration
5 janvier 2025 // Arts Plastiques // 6357 vues // Nc : 180

« La Moisson » du peintre Romain Rakotoarimanana est en couverture du magazine no comment® de ce mois de janvier 2025. Un titre en écho avec la récolte, celle que l’artiste a faite en octobre dernier chez Tamboho Hôtel : tous les tableaux étaient vendus dès le quatrième jour de la vente-exposition en duo. Une première collaboration prometteuse pour le père et sa fille Sanga Mariah, peintre, elle aussi. Et si cet héritage père-fille n’était que le prolongement de son parcours ? En plus de la transmission intergénérationnelle, son travail est aussi façonné par les échanges entre le spirituel et les formes, les voyages et la mémoire.

Le duo père et fille :
Romain Rakotoarimanana et Sanga Rakotoarimanana

Son amour pour les arts visuels vient non pas d’une artiste, mais d’une épicière, sa mère. Dans les années 1970, elle tenait une épicerie en province. Elle utilisait des pages de bandes dessinées pour emballer les pains qu’elle vendait. Le futur peintre commençait alors à cacher ces pages précieuses qui auraient pu finir dans une poubelle. C’est là qu’il commence à reproduire des bandes dessinées de la série Zembla, ou encore Blek le Roc. Devenu adulte, il fait référence à cette époque. « Je n’aime pas qu’on vende des tableaux comme on vend des petits pains, c’est-à-dire reproduire la même chose dix fois, ça détruit l’art. Mes tableaux sont uniques, les acquéreurs les achètent pour leur unicité ».

Dans les années 1980, d’autres rencontres le façonnent en tant qu’artiste. Après des études en bâtiments et travaux publics, il a fait des dessins industriels et de bâtiments. De fil en aiguille, il devient chef d’atelier pour une peinture publicitaire. C’est ce poste qui l’amène à faire la rencontre tant espérée, celle qui l’encourage à peindre des tableaux. Depuis, les commandes se sont accumulées, de nombreux tableaux partent pour La Réunion. Les expositions se succèdent, dont l’exposition Hosotra à l’esplanade Analakely. « Je peins à partir d’une vision. Pour l’exposition à l’esplanade, la vision me dit de peindre tel ou tel tableau, c’est ce que j’ai fait, et tout le monde s’est arraché le tableau ! »

De rajouter. « Il faut savoir que l’inspiration se divise en deux : il y a l’inspiration très mécanique du cerveau qui fait intervenir la mémoire, et il y a le côté spirituel qui est infini, inépuisable. Je pars souvent des formes et des couleurs, c’est après que ça montre quelque chose ». C’est le cas d’une carcasse Volkswagen montée sur une charrette. C'est seulement après avoir décidé de peindre cette scène insolite qu’il a appris l’importance de ce modèle pour les hippies et la rouille qui témoigne du passage du temps.

« J’aime aussi la vie quotidienne. Elle peut être agaçante à regarder, mais l’artiste est libre, il n’est pas emprisonné par les réalités comme la pauvreté, le coût de la vie, la politique. Il voit ce qu’il veut mettre en exergue, s’en inspire et prend goût. Même un embouteillage a un côté artistique ». Sa peinture à l’huile « Le Regard » est le portrait d’un enfant qui regarde par la fenêtre, cadré par des murs délabrés et un rideau déchiré.

Bien qu’inspirée par les voyages effectués avec son père, Sanga Mariah esquisse le nouveau trait dans la lignée Rakotoarimanana. « Comme je suis jeune, mes tableaux traitent souvent de la joie de vivre. J’utilise des couleurs très gaies, mes peintures sont plutôt abstraites, et je peins avec un couteau ou mes doigts ».

Mpihary Razafindrabezandrina

Contact famille (Sanga Mariah) : +261384633644

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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