Ching Ching : « Je ne me sens pas menacée par l’intelligence artificielle en tant qu’illustratrice »
11 mai 2025 // Arts Plastiques // 4872 vues // Nc : 184

Alors que McKinsey & Company observe une hausse de 32 % du nombre d’entreprises utilisant l’intelligence artificielle pour générer des images entre 2023 et 2024, d’autres préfèrent la main humaine. C’est le cas des sociétés qui font appel à Ching Ching pour ses peintures et ses dessins. Face à l’IA, rapide et moins coûteuse, qu’est-ce qui distingue les illustrateurs ? Entre le développement d’un style personnel, l’injection d’une sensibilité artistique et la préservation d’une dimension humaine dans les collaborations professionnelles, Ching Ching développe les atouts de l’Humain face à la machine, qu’elle perçoit davantage comme un outil plutôt qu’un remplaçant.

Des esquisses éparpillées sur sa table de travail, avec des dessins si différents les uns des autres qu’on aurait peine à croire qu’ils viennent de la même main. À peine dans sa vingtaine, Ching Ching admet être encore en phase d’expérimentation pour trouver son propre style, même si certains sujets lui tiennent plus à cœur que d’autres. « Antananarivo est un thème qui revient souvent, car je travaille avec des sociétés malgaches en freelance. Il n’y a pas que des paysages : je peux me balader, prendre une photo, dessiner, puis interpréter à ma manière. » Récemment, elle a illustré une carte pour une créatrice de contenu autour des street foods d’Antananarivo. Pour la suite, elle souhaite explorer ses deux pays : Madagascar et la Malaisie. Une croissance plus ou moins lente et organique, façonnée par l’expérience et les rencontres, qui construit peu à peu son identité de créatrice ; à l’opposé de l’intelligence artificielle, qui se contente de synthétiser et de reproduire ce qui existe déjà.

Bien qu’elle fournisse des illustrations fidèles aux attentes des clients, il lui arrive de refuser des commandes quand le projet ne lui parle pas, tandis que certaines entreprises lui laissent parfois carte blanche. « Lorsque je travaille pour quelqu’un, mon objectif est de répondre précisément à ses attentes. Il est essentiel que je lui donne ce qu’il souhaite, et si nécessaire, que j’adapte mon travail en fonction de ses besoins spécifiques. » Un travail sur mesure, en phase avec les exigences de ses clients, contrairement au processus automatique et sans nuance des images générées par l’IA.

Néanmoins, Ching Ching considère que l’IA reste un outil pertinent, que ce soit pour les entreprises ou les illustrateurs : tout dépend de l’état d’esprit avec lequel on l’utilise. « Si j’étais une société, je ferais appel à un illustrateur, et je lui demanderais s’il veut utiliser l’IA ou pas. » Dans ce sens, un créateur et un chef d’entreprise sans sensibilité artistique ne produiront pas forcément le même résultat, même s’ils utilisent le même outil.

Et si cette sensibilité artistique était la ligne rouge entre les illustrateurs et l’IA ? « Quand je fais des créations personnelles, c’est vraiment pour le fun, et là je peux exploiter plusieurs styles différents ». D’ailleurs, Ching Ching s’est lancée dans la sculpture en décembre 2024, et voudrait être exposée en tant qu’artiste un jour. « La sculpture, c’est mon terrain d’expérimentation, je travaille en papier mâché, avec des structures en fil de fer ou des cadres que je récupère. J’aimerais continuer, explorer d’autres matériaux comme le bambou. J’y réfléchis encore, je veux devenir artiste et faire une première exposition. Mais je sens que je dois encore gagner en maturité dans mon travail avant d’y parvenir ». En attendant, elle continue de créer sur le papier et sa tablette.

Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : j.ching.ching

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Paskero sort "C'est la bella vita"

Lire

7 septembre 2025

Paskero sort "C'est la bella vita"

Le chanteur français Paskero a annoncé ce 5 septembre la sortie de son clip « C'est la Bella Vita » chantant son amour pour Madagascar, qu'il interprè...

Edito
no comment - A moitié... mais plein

Lire le magazine

A moitié... mais plein

Madagascar, éreintée par les mauvaises nouvelles ? Eh bien, rien n’arrête désormais notre île-horizon. À force de scruter le verre à moitié vide, on a fini par rater le somptueux punch qui le remplit. Pourtant, il déborde joyeusement.Prenez la culture ! KVNTO, un chanteur de Toamasina rejoint l’album d’un monde qui parle plus de 200 langues (réellement ! pas juste un tour de Babel gadget). Mika Kely brille aux États-Unis, Betia en Europe, tandis que nos stylistes, écrivains et chefs VIP raflent des prix sur les cinq continents. Peut-être que Jaojoby, roi du salegy, ou le groupe Tarika, adulé jusqu’à Time « 10 best bands on planet Earth » nous avaient déjà avertis qu’on pouvait sortir la tête (et les talons).Côté technologies et sport, nos talents raflent médailles et trophées. Jiu-jitsu, pétanque jusqu’au championnat en robotique… nos compatriotes font parler – en bien – de la Grande-île. Pour ce qui est des relations internationales – surtout en matière de développement économique - Madagascar a accueilli au mois d’août le 45ᵉ sommet de la SADC et s’est également positionné comme partenaire-clé au TICAD19 Japon, avec création d’une Chambre de commerce nippo-malgache. Voilà ce qu’on appelle être tellement en lumière qu’on brûle un peu nos lunettes pessimistes.Oui, les problèmes persistent. Mais à NoComment, on choisit de braquer le projecteur sur ce qui marche. Pour cueillir ces pépites, il faut parfois arrêter d’écouter les mauvaises ondes. Alors oui, le pays est à moitié... plein. Et on va continuer à le dire, haut et clair.

No comment Tv

Interview - Ep.Sandy.N - Septembre 2025 - NC 188

Découvrez 𝐄𝐩.𝐒𝐚𝐧𝐝𝐲.𝐍 dans la rubrique CULTURE du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, NC 188 - septembre 2025. Ayant commencé en 2008, 𝑬𝒑.𝑺𝒂𝒏𝒅𝒚.𝑵 s’est peu à peu fait un nom dans le domaine de la peinture à Tana. Peintre-portraitiste, il se démarque de ses pairs en réalisant des portraits de célébrités allant d’Albert Einstein à Marylin Monroe, en passant par Jimi Hendrix ou encore Jaojoby. Mais il est surtout connu pour avoir interprété – à sa manière – la très célèbre Joconde de Léonard de Vinci. Ici, il s’agit de La Joconde à Tana.

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir