Tohidisoa Alain : Chercheur en danse
4 septembre 2022 // Arts de la scène // 4398 vues // Nc : 152

Tohidisoa Alain se définit d’abord comme un chercheur en danse. Chorégraphe, il a créé sa propre compagnie, Rabifidihy, où il mélange danses contemporaine et traditionnelle, corps et esprit, mouvement et émotion.

Parti des hauts plateaux, sa passion pour la danse traditionnelle l’a finalement conduit aux quatre coins de l’île. « Un moment, le public nous a reproché de ne représenter que les danses des hauts plateaux. Alors, je me suis dit que je devais également faire des recherches sur les danses atandroy, betsileo, sakalava… » La danse contemporaine ? Plutôt un héritage de ses années d’apprentissage au sein de la Cie Rary du danseur et chorégraphe Ariry Andriamoratsiresy. Un répertoire qu’il classe, au début, dans le registre « danse de fou », avant d’en découvrir toutes les richesses. « Je ne savais pas ce que c’était, puisque j’étais plutôt dans la breakdance. Ce sont des potes qui m’ont traîné vers le Tahala Rarihasina à Analakely où j’ai découvert cette danse de fou. Ce n’est qu’après le bac que j’ai intégré la Cie Rary et j’y suis resté cinq ans ! »

En 2015, il a créé sa propre compagnie, Rabifidihy, et quitte la Cie Rary trois ans après, estimant avoir assez de bagages pour naviguer en solo. « Avec Ariry, j’ai appris plus que de la technique de danse, reconnaît-il. Mon esprit, mon corps et mon âme sont nourris de cet enseignement qui nous pousse à créer plutôt qu’à reproduire. » Il gère aujourd’hui une équipe de 35 danseurs qui peuvent vivre de leur art, ce qui est loin d’être le cas des artistes à Madagascar. La professionnalisation est une nécessité car la danse est utile à la société et il faut être disponible en permanence. « Dans notre commune, à Soavimasoandro, on nous appelle souvent pour faire des représentations et les gens se rendent compte que c’est un métier. Nos danseurs ne sont pas de simples figurants dans les clips, ils créent quelque chose ! »

Parmi ses pièces chorégraphiques, on retrouve Zavona (Brouillard) qu’il a présenté à la City à Ivandry, en juin dernier.  « Cette pièce est au croisement de la poésie, de la musique, de la danse, du design… Et du rêve, puisque que je l’ai créée en notant mes rêves pendant trois mois. D’où ce côté mouvant et incertain, reflet de notre propre existence. Quand je l’ai présentée la première fois à Toamasina, j’avais vraiment l’impression d’être dans le brouillard, mais tel était bien le but recherché ». Pour l’accompagner, Tohidisoa Alain a choisi quatre femmes : Miandra Andrianjakarivony, poétesse, Fifaliana Rakotomandimby, au violon, Tity Andriantsilavo pour la danse portée, et Tambianiaina Nantsoina pour la danse en duo. « Je trouve que les femmes ont cette forme de résilience et de patience, et cela correspond à l’esprit de la pièce. »

Au-delà de la danse, les tenues sont une composante essentielle de ses pièces. Il les crée lui-même en choisissant des matières comme les journaux, les sachets, les gony (sacs de jute), les bouchons en plastique en guise de boutons et le raphia. « À une époque, je n’avais pas les moyens d’acheter du tissu, je récupérais ce que je pouvais et l’habitude m’est restée. Pour Zavona, j’ai même utilisé un sachet ramassé il y a cinq ans, car c’est un élément témoin de mon histoire. » Tohidisoa travaille déjà à sa prochaine pièce, intitulée Aloka (Ombre) car « le brouillard annonce toujours le beau temps. Qui dit soleil, dit ombre ». Également un clin d’œil à la fidélité : « Quand tu crées quelque chose, tu t’attends à ce que les gens te suivent comme ton ombre. »


Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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