Depuis sa dernière apparition dans no comment® en mars 2022, Poety Rebely a pris un vent de liberté et de reconnaissance. Décorée, primée, acclamée… Elle a su imposer sa voix dans le paysage culturel malgache avec une force tranquille, entre slam, spoken-word et musique. Retour sur un parcours aussi inspirant que résilient.
Tu en as fait du chemin depuis 2022…
Effectivement, ces deux dernières années ont été riches en émotions et en accomplissements. J’ai eu l’honneur de recevoir le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts, des Lettres et de la Culture le 16 janvier 2023, une distinction rare, surtout pour une slameuse, je suis d’ailleurs la première et unique à l’avoir obtenue à Madagascar. Le mois d’Avril 2023 a marqué le lancement de mon premier album de spoken-word, ANINDAOTSE, un hommage vibrant au vent de ma région natale. Puis, tout s’est enchaîné : concours remporté à l’ambassade du Royaume-Uni, clips diffusés ("Gasy Fo", "Konfesiko", "Embona"),
une tournée dans trois Alliances Françaises, et enfin, une reconnaissance du public avec le trophée "Coup de cœur RDJ Mozika Féminin 2024". Mais ce chemin n’a pas été sans obstacles. La vente physique d’albums reste limitée à la diaspora, les contrats de spectacle sont rares et parfois en décalage avec nos ambitions artistiques. Malgré tout, je persiste. Le slam-poésie mérite une scène à sa mesure.
Y a-t-il un seul pas entre les métiers de scène et le slam ?
Ce n’était pas prémédité. C’est en 2018, lors de la fête nationale à Iavoloha, que la Présidence m’a sollicitée pour animer la scène artistique. Ce fut une révélation. Face à la rareté des opportunités dans le slam, j’ai choisi de diversifier mes activités : MC, modératrice et voix off. Des compétences oratoires que j’ai mises au service d'événements divers. Les organisateurs recherchent souvent des profils capables d’allier prestance scénique et performance artistique. J’ai appris à devenir ce profil.
Plus récemment, tu t’es lancée dans la musique…
Oui, avec une idée très claire : faire reconnaître le slam-poésie et le spoken-word au même titre que la musique populaire. Les slameurs sont souvent sollicités avec la promesse de visibilité, alors que les chanteurs bénéficient de budgets plus conséquents. Mon objectif est de redonner ses lettres de noblesse au spoken-word, en investissant dans des clips de qualité, en travaillant la mise en scène, l’image, le son. Et ça fonctionne : "Konfesiko" a été salué unanimement, et le public a été conquis lors de la cérémonie RDJ Mozika. Il est important de rappeler la différence : le slam-poésie se déclame à cappella, tandis que le spoken-word se marie avec d’autres disciplines, comme la musique ou la danse. C’est cette fusion qui m’intéresse.
Des projets sur les rails ?
Oh que oui ! Il reste encore 11 titres à transformer en clips pour l’album Anindaotse. Nous avons aussi lancé une série de "Live performance vidéo" pour mettre en lumière notre travail scénique. Le premier épisode a été diffusé le 30 mars, et ce n’est que le début.
Et surtout, suite à ma formation avec la Commission de l’Océan Indien, un projet grandiose est en gestation. Pour en savoir plus, je vous invite à suivre mes réseaux sociaux, c’est là que tout commence et tout s’écrit.
Emerick Andriamamonjy
Contact : Poety Rebely (Facebook)