En 2014, Tolotra Ranaivo a commencé à faire le portrait des rues de sa ville. Petit à petit, au fil de ses prises de vue, il s’est rendu compte de la présence fréquente dans ses clichés d’un ou plusieurs bidons jaunes utilisés pour l’approvisionnement en eau. En 2019, alors que des mouvements de protestation ont lieu dans la ville pour exprimer le mécontentement lié à l’approvisionnement et à la distribution de l’eau, il commence à prendre une série d’images dans différents endroits du centre ville d’Antananarivo visant à dénoncer la déliquescence et l’état de malaise social. C’est ainsi qu’est né le projet « Iarivo’ ny Mavo », dans lequel l’artiste montre à quel point la vie dans la capitale de l’île tourne autour de ces bidons jaunes, qui représentent à la fois le manque d’eau et le fossé entre les classes sociales. Présents dans presque tous les pays d’Afrique, ces contenants, appelés gallons, arrivent d’Europe ou d’Amérique remplis de pétrole. Une fois arrivés en Afrique, ils sont réutilisés pour le transport ou le stockage de l’eau. Ils font partie intégrante de la vie quotidienne dans les quartiers pauvres, où les gens n’ont pas accès à des sources d’eau non contaminée. Cette sélection de photographies montre la ville en noir et blanc, hormis le jaune des bidons devenu emblème de cette lutte au quotidien que vivent les habitants d’Antananarivo pour avoir de l’eau potable dans leurs foyers.
Les zones basses d’Antananarivo sont souvent touchées par les inondations pendant la saison de pluies. Ce petit garçon a dû chercher de l’eau dans les bornes44 fontaines publiques malgré le mauvais temps. Andavamamba, 2014.
La présence d’un zébu en ville est peu fréquente. alors que j’étais occupé à composer la photo, la porteuse d’eau est rentrée dans le cadre. Ampasika, 2020.
Tête de zébus. Isotry, 2020.
La pluie ne cessa de tomber ce jour-là. J’ai été contraint de me mettre à l’abri dans un coin, sous une bâche. L’eau de pluie remplit le bidon jaune. Marché d’Andravoahangy, 2014.
Cette femme fait partie de celles qui gagnent leur vie en cherchant de l’eau dans les bornes fontaines et les ramener à domicile. Un peu surprise, elle ne s’attendait pas à ce que je la prenne en photo. Andavamamba, 2014.
Scène de séduction dans les ruelles de 67 Ha. 67 Ha, 2015.
L’homme au pardessus. Anosibe. 2014.
La porteuse d’eau. Anosibe, 2022.
Difficile accès au service de l’eau dans les quartiers précaires d’Antananarivo. Ampefiloha Ambodirano, 2015.
Il est fréquent de voir, un peu partout à Antananarivo des bidons jaunes qui font la queue dans les pompes publiques. Il y a même des gens, qui se réveillent à 2 heures du matin, pour aligner ces bidons afin de pouvoir alimenter en eau leur foyer. Anosibe, 2022.
Akamasoa, un groupe de 22 villages créés dans la banlieue d’Antananarivo. Ambohimahitsy, 2016.
Le village Akamasoa est alimenté par l’eau de la « JIRAMA », société d’État, mais qui depuis quelques années ne peut plus satisfaire le besoin en eau dont l’ensemble du site a besoin. Les sources ainsi que la récupération d’eau de pluie ne suffisent plus. Ambohimahitsy, 2016.
Cette photo montre des familles sans abri qui vivent autour du lac Behoririka. Ils survivent grâce à la récupération des bidons jaunes qu’ils nettoient et revendent. Behoririka, 2019.
Il existe encore de nombreuses 2CV en circulation à Tana, mais sur cette photo, elle fait office de séchoir à linge. Anosibe, 2022.
Caché derrière un long rideau, le bidon jaune est ici transformé en pot de fleurs. Il devient un objet de décoration. Ambohimitsimbina, 2019.
Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...
Edito
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Chaque mois de juillet, un phénomène saisonnier bien malgache s’observe : la migration estivale des familles tananariviennes vers leurs villages d’origine. Loin du bitume, des bouchons et de la Jirama capricieuse, c’est le grand plongeon anthropologique. À l’arrivée, les enfants ouvrent des yeux ronds : « Quoi, on peut faire bouillir de l’eau sans micro-ondes ? » Feu de bois, bassine en plastique et douche à ciel ouvert deviennent soudain les nouvelles technologies de pointe. On redécouvre que l’on peut cuisiner sans vitro-céramique, que les zébus ont toujours la priorité, et que l’eau du puits, ça muscle les bras et l’esprit. Quant au réseau mobile, il s’obtient en grimpant dans le manguier le plus proche. Mais attention, pas question de se moquer. Ce retour aux sources est aussi retour à l’essentiel : repas partagés, récits de grand-mère, jeux sans écran. Et en bonus, un stage intensif en autonomie énergétique, bien utile pour affronter les coupures à Tana. Finalement, c’est peut-être le village qui est le plus en avance. Bonnes vacances… et bon bain (à la bassine) !
Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar.
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