Hasina Samoelinanja : La Voix de l'Action!
20 juin 2024 // Influenceur du mois // 4377 vues // Nc : 173

Figure singulière sur Facebook, Hasina Samoelinanja se distingue avec sa page « Angano Mampisaina » (conte qui fait réfléchir), ralliant plus de 200.000 abonnés. Rencontre avec ce fervent défenseur du changement et de l’autonomisation individuelle. 

Quel est le concept derrière « Angano Mampisaina » ?
Le concept est profondément enraciné dans la richesse narrative des contes malgaches, ou « angano ». En tant que Malgaches, nous avons tous été bercés par les contes de notre enfance, mais « Angano Mampisaina » va au-delà de simplement écouter. Traditionnellement, nous étions souvent les auditeurs passifs de ces récits, mais la page invite à une participation plutôt active. C’est une invitation à réagir, à s’engager, à devenir des acteurs du changement. De mon point de vue, ce concept résonne avec la réalité malgache où trop souvent nous nous contentons d’être des observateurs passifs, comme on dit bien en malgache : « mihanahana ohatran’ny gana ». Avec cette page, je souhaite contribuer au développement de Madagascar en encourageant chacun à prendre en main son propre destin. Je crois fermement que le changement nécessaire ne peut venir que de nous-mêmes. La page vise également à être une injection d’ouverture d’esprit, et de développement mental.

Quelques exemples de « Angano Mampisaina » ?
Le cœur de la page réside dans la prise de conscience et l’éveil des consciences. Le but est de susciter une réflexion critique et un changement de mentalité. Prenons un exemple concret pour illustrer ce concept : dans mes voyages à travers différents pays, les canards peuvent voler. Le canard malgache, lui, ne vole pas. Pourquoi ? Parce que les canards malgaches sont élevés par des coqs, qui, eux, ne volent pas, donc le mode de vie du canard malgache en est influencé. Cette anecdote simple révèle une réalité plus profonde : notre manière de penser, notre mentalité, est conditionnée dès notre enfance. Depuis l’enfance, nous sommes souvent élevés dans la peur, ce qui entrave le développement de notre potentiel. Si notre mentalité est opprimée, comment espérer progresser ? Un autre exemple : imaginez un enfant qui grimpe sur n’importe quoi pour explorer et découvrir le monde qui l’entoure. Chez nous, les Malgaches, cette attitude peut être réprimandée. L’enfant est donc grondé, battu et sommé de descendre immédiatement, avec l’interdiction formelle de recommencer. Au fil du temps, cette réprimande constante dissuadera l’enfant de réitérer son action. Examinons cette situation comme une métaphore de nos propres comportements et croyances : les interdits, les traditions, les dogmes religieux et sociaux exercent une influence puissante sur nos vies. Nous sommes conditionnés à penser : « On ne doit pas faire ceci ou cela, car c’est contraire à nos valeurs et à nos traditions ».

Des astuces à nous partager ?
Revenons sur l’exemple de l’enfant. Si nous autorisons l’enfant à grimper et à explorer, même s’il tombe, il se relèverait. Il apprendrait ensuite de ses erreurs et continuerait d’avancer. En revanche, en lui imposant des limites strictes et en lui inculquant la peur, nous limitons son potentiel et l’amenons à se conformer à nos attentes. C’est alors notre passivité, notre propension à nous conformer aux normes établies sans remise en question, qui nourrit la pauvreté chez les Malgaches. J’encourage donc chacun à cultiver sa propre voie, même si elle semble diverger de celle de la société. Il faut également prendre le risque de poursuivre ses aspirations, même si cela signifie aller à contre-courant. Je souligne l’importance de l’éducation et de l’acquisition de connaissances. Ne vous contentez pas de ce qui vous est enseigné en classe, mais cherchez à approfondir vos connaissances par des recherches approfondies. Offrez aussi aux enfants une variété d’activités telles que la danse, le sport et d’autres formes d’expression créative au lieu de les nourrir de peurs et de croyances limitantes. Pour finir, ne laissez pas la peur et la crainte vous asservir. Vous seul avez le pouvoir de définir votre propre chemin, en refusant de suivre aveuglément les normes imposées par la société. Et le plus important : « Sahia miavaka amin’ny tsara ». 

Propos recueillis par Cedric Ramandiamanana
Facebook : Angano Mampisaina
Contact : +261 34 11 505 61

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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