Kiady Rakotondramanana se filme en train de manger bruyamment, le visage maquillé. Des restaurants le paient pour ça. Ses followers, l’eau à la bouche, se détendent devant ses vidéos. Le pionnier du mukbang ASMR à Madagascar a fait une entrée remarquée en mêlant sa passion pour la bouffe et la beauté.
Tous les téléphones en mode silencieux. Les portes closes. Pas un grincement au sol. Voilà l’atmosphère nécessaire pour tourner ses vidéos. « On interrompt tout si un chien aboie, si une voiture klaxonne ou si un marchand de koba passe et crie. Le silence doit être total », insiste-t-il. C’est que tout repose sur les sons. Son travail consiste à se filmer en train d’avaler plusieurs plats, captant les slurps, les crunches, les cracs… Bref, une symphonie de la mastication. Une expérience sensorielle censée détendre l’audience.
À chaque tournage, Kiady engloutit jusqu’à cinq plats, souvent concoctés par des restaurants réputés. « C’est grâce à la génétique si je ne grossis pas », lance-t-il, hilare. Le micro est calé au plus près de la bouche. Ce n’est pas juste une dégustation, précise-t-il, c’est un contenu destiné à éveiller les sens, à relaxer. Avant ça, il faisait des tutos maquillage.
Le mukbang, né en Corée du Sud au début des années 2010, a d’abord consisté à manger de très grosses portions face à une caméra, en interaction avec le public. Puis l’ASMR s’en est mêlé, ajoutant une dimension sonore : les bruits de mastication, amplifiés, sont devenus les véritables stars. Entre performance, rituel social et trip sensoriel, le format a conquis la planète.
Kiady s’y est mis en 2024. À Madagascar, les avis sont partagés. Montrer autant de nourriture dans un pays où la malnutrition reste une réalité dérange encore. Il le reconnaît, tout en regrettant les malentendus autour d’un concept qu’il est pourtant le premier à défendre ici. Heureusement, les restaurateurs, eux, adorent. Il leur apporte de la visibilité et glisse au passage quelques messages pub pour des cosmétiques. Il maquille, il mange, il vend. Et ses rouges à lèvres qui tiennent, même après cinq plats, intriguent. « Les deux niches se nourrissent », glisse-t-il avec un sourire.
Mpihary Razafindrabezandrina
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