Tavela : Victoire par KO
4 juillet 2020 // Cinéma // 4845 vues // Nc : 126

Le cinéaste franco-malgache-indien Geoffrey Gaspard a fait du morengy le sujet de son premier long métrage documentaire intitulé « Tavela »[1] (1 h 06, 2018). En plus de nous faire découvrir ce sport de combat traditionnel, le film nous invite à réfléchir sur notre identité culturelle.

Tavela (K.-O.) s’ouvre sur la voix d’une hôtesse de l’air qui indique aux passagers que l’avion est arrivé à l’aéroport d’Antsiranana. Tout au long de son documentaire, Geoffrey Gaspard use des plans fixes pour nous montrer des images liées à sa ville natale : les rues, la baie, Nosy Lonjo. Ce mode de narration contemplatif distille une atmosphère pleine de nostalgie. Cependant, il ne s’agit pas de donner une vision édulcorée de Diego-Suarez. Les problèmes qui affectent cette ville sont également abordés. Ainsi de la dépendance au khat, une drogue très prisée par les jeunes de Diego : consommation qui n’est pas sans danger sur la santé de cette population qu’un intervenant dans le film qualifie de « sans repères » en raison de la mondialisation.

Le cinéaste analyse avec lucidité l’impact de la globalisation sur le morengy, pour le meilleur et pour le pire. Des intervenants, anciens pratiquants, déplorent notamment que cette tradition ancestrale perde de son authenticité ; tout n’est plus que business et sa technique même est dénaturée par l’intrusion d’arts martiaux étrangers. Thierry Saidani, l’entraîneur de Gilo, ne voit pas quant à lui d’inconvénients à ce métissage. Il a envoyé son poulain en Thaïlande pour apprendre la boxe thaïet ce qui en résulte s’avère très efficace. Grâce à cet acquis, Gilo est devenu Fagnorolahy, un champion de morengy, une véritable star régionale.

[1] Sélectionné dans des festivals de cinéma en Inde, en Grande-Bretagne, en France, au Kenya, au Brésil, à Madagascar. Mention spéciale du jury au Festival Africlap à Toulouse en 2019.

À travers ces deux positions contradictoires, le documentaire nous invite à nous interroger sur la manière dont nous devons gérer notre identité culturelle : opter pour la conservation stricte des traditions ou choisir la voie du métissage culturel, avec tous les risques de dénaturation que cela engage. Voulant assurer une large diffusion à son film, Geoffrey Gaspard l’a rendu public sur une plate-forme. Depuis mars, Tavela est en effet en libre accès sur YouTube (https://youtu.be/t4gyK6i_doo).

Propos recueillis par Aina Randrianatoandro
ACCM (Association des critiques de cinéma de Madagascar)

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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