Swenn Mohn : Le cinéaste du son
6 juillet 2025 // Cinéma // 3084 vues // Nc : 186

Il fabrique des émotions comme d'autres sculptent le silence. Compositeur de musiques de films, Swenn Mohn, jeune prodige malgache installé en France, s’impose peu à peu dans l’univers exigeant de l’audiovisuel. Une trajectoire discrète mais d’une redoutable précision.

Sélectionner les notes comme on choisirait les mots d’un dialogue. Voilà le métier de Swenn Mohn depuis dix ans, écrire des musiques de film. Pourtant très jeune, il a déjà plus d’une trentaine de projets à son actif : séries, animations, courts-métrages, ici et ailleurs. « Ma toute première fois était pour la série Cops & Monster », se souvient-il. L’artiste travaille dans plusieurs projets de court-métrages et de séries. Il est finaliste du Label Compo 2024. Une reconnaissance qui, pour les connaisseurs, vaut son pesant d’estime dans le milieu. Rien d’étonnant pour qui connaît son parcours.

Pour lui, l’histoire d’amour avec la musique commence tôt, avec un violon sous le menton. Puis, l’adolescence s’invite, curieuse, et Swenn s’essaye au piano, à la guitare, au saxophone, à l’ukulélé, à l’harmonica… En 2007, il partage ses covers sur YouTube. Mais rapidement, il sent que ça ne suffit plus. Il quitte alors Madagascar pour suivre des études en ingénierie du son. « J’étais devenu trop technique, et moins artistique. Faire de la musique me manquait, donc je suis revenu petit à petit à la composition », confesse l’enfant prodigue. C’est en regardant une série qu’il découvre, presque par accident, ce qu’est la musique de film. La révélation est immédiate. Il bifurque, file entre la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, absorbe les influences, affine ses outils. « J’ai mixé tout ça : l’interculturalité, les techniques apprises durant ces voyages, et le feeling qui était toujours là. Et le Swenn Mohn est né », explique-t-il, presque amusé.

Aujourd’hui, il compose dans un univers où les textures ont pris le pas sur les mélodies. Mais lui préfère nager à contre-courant. Il assume son goût pour les lignes musicales claires, les thèmes récurrents, les leitmotivs qui collent aux images comme une seconde peau. « Un compositeur doit être intégré dès que le scénario est bouclé. Il faut de vraies discussions, de vrais échanges avec le réalisateur, sinon la musique devient un simple habillage », insiste-t-il. Car pour lui, chaque mouvement de caméra, chaque nuance de lumière mérite sa propre vibration sonore. Une musique qui respire avec l’image, qui vit avec elle.
Swenn Mohn, c’est aussi une âme d’entrepreneur. Il démarche lui-même producteurs et réalisateurs, avec cette idée fixe : créer des liens durables. « Mon plan, aujourd’hui, c’est de rencontrer de jeunes réalisateurs, et grandir ensemble. Faire quelque chose d’immense », dit-il les yeux brillants. Et pour ceux qui veulent suivre ses pas en coulisses, ses compositions sont à découvrir sur Instagram. En attendant 2026, où il promet de dévoiler un projet plus personnel.

Rova Andriantsileferintsoa

Contact : https://www.swenn-mohn.com/
Facebook : Swenn Mohn

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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