Taosaina Lab : Espace et vie
18 août 2025 // Mode & Design // 4643 vues // Nc : 187

Comment concilier espaces habités et écosystèmes ? Pour Sandrine Raveloson et l’association Taosaina, pas de réponse unique mais une pluralité de disciplines à croiser : architecture, design, urbanisme, ingénierie.

À la Tana Design Week, en juillet dernier, le bambou s’imposait comme l’élément phare de l’installation signée Taosaina. Ce matériau local, parfaitement adapté à certaines régions de Madagascar, incarne une alternative durable. Il valorise des savoir-faire ancestraux et la main-d’œuvre du territoire, tout en interrogeant nos modes de construction. « Décoloniser l’architecture, c’est questionner les schémas dominants, comprendre quelles puissances contrôlent le BTP, pourquoi, et à quel prix pour le vivant. C’est aussi imaginer d’autres façons de bâtir, plus justes et plus ancrées », souligne Sandrine Raveloson, architecte et présidente de l’association.

Deux projets récents reflètent cette démarche sociale et écologique. En 2022, Taosaina remporte le concours d’aménagement du front de mer d’Antsiranana. Certains critiquent le projet pour « n’avoir pas assez construit ». Mais pour le collectif, l’essentiel n’était pas de bâtir, mais de répondre aux usages des habitants. « C’était un espace urbain, pas un chantier », martelle-t-elle. Ce regard sociologique, devenu outil de conception, Taosaina souhaite l’affiner en intégrant davantage de sociologues à ses équipes.

La même année, dans le cadre du concours Fonenana, ils conçoivent des logements abordables pour un quartier populaire d’Analamahitsy. Leur approche dépasse la technique : typologies familiales, conditions bioclimatiques, dynamiques de voisinage… chaque élément nourrit la réflexion. « Le designer pense usage, l’ingénieur forestier pense sol et climat. C’est cette diversité de regards qui enrichit les solutions », met en exergue la présidente de l’association.

Pour Sandrine Raveloson, l’architecture est aussi politique. L’éviction des vendeurs de rue lors d’une visite présidentielle le rappelle : la ville concentre des rapports de force. Si les labs citoyens ne se substituent pas à l’administration, ils peuvent proposer, former et transmettre. Taosaina œuvre aux côtés d’étudiants en design et architecture, et contribue au projet de Cité des Industries Culturelles et Créatives avec la CUA et la Chambre de commerce. « Les labs doivent se démocratiser. En 2025, dans un monde sous tension, il faut viser la robustesse plutôt que la performance. La nature ne cherche pas la performance : elle mise sur l’adaptabilité. C’est ce qui rend l’évolution possible », lance-t-elle.

Mpihary Razafindrabezandrina

LinkedIn : COLLECTIF TAOSAINA
Instagram : @taosainalab
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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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