Nofy Rabedaoro : De la culture au fait main
25 novembre 2023 // Mode & Design // 4753 vues // Nc : 166

L’essence et le sens du naturel allié au « gasi vgasy » et une pointe de modernité. Nofy Rabedaoro est designer depuis une vingtaine d’année et gère le 3.14, son showroom à Ambatonakanga. Réputé pour ses tables de Fanorona, le coin déco expose également des articles cadeaux et de bureaux, aux matières entièrement naturelles et des détails bien structurés.

Il n’est de beauté que dans les œuvres créées avec l’âme : 3.14 est présent dans la ville d’Antananarivo depuis 2005. Nofy Rabedaoro, designer, y expose des articles hors du commun pour une décoration d’intérieur, de bureau, ou des idées cadeau. « 3.14 pour la géométrie, et l’harmonie dans les formes » expliqu-t-elle. Sa création explore la culture malgache, tout en décortiquant les nouveautés du milieu. « Dans chacune de mes œuvres, il y a toujours une référence à la culture malgache, mais je m’inspire également des tendances extérieures. Si j’ai à décrire mon style, ce serait un mélange de « gasigasy » et de moderne. » De meubles aux presse-papiers, ou petites boîtes, l’équipe du designer crée et personnalise, sous une signature naturelle et colorée pour une qualité finement visitée.

Nofy Rabedaoro utilise uniquement des matériaux naturels. « Il y a toute une variété de bois qu’on peut utiliser dans l’artisanat. À Madagascar, il y a environ 7 000 espèces, c’est-à-dire que nous ne manquons pas de matériaux. Dans mon équipe, rien que pour la marqueterie, nous utilisons 27 sortes de bois. » De la conception à la réalisation, les détails sont vus et revus, afin d’en assurer la qualité du produit. Nofy Rabedaoro, dans son élan, dessine les modèles, et, avec l’aide de son équipe, en fait un prototype, puis un échantillon à tester une première fois, avant d’en sortir la version finale. « Une œuvre peut prendre quelques mois, à une année, deux ou même trois ans : la concrétisation peut prendre du temps. » Reconnue pour ses plateaux de Fanorona, un jeu de stratégie et de réflexion malgache,  3.14 laisse souvent passer des collections durant les fins d’années ou les événements et célébrations malgaches. La designer a su, par plusieurs occasions, marqué son style : par un plateau en sphère, en relief, ou en cube de Fanorona, le concept du jeu reste des plus fidèles à sa première version, sans en effacer un style pratique. « Le Fanorona est décoratif et ludique : on y trouve énormément de références culturels utiles au design, ainsi que des motifs, des proportions harmoniques, des histoires et des légendes. » Depuis sa création, l’atelier a déjà créé 60 modèles de Fanorona.

Tout bon artiste a son défi : Nofy Rabedaoro regrette le manque de matériel de travail au pays. Si chaque bois a sa couleur, et que l’équipe mise sur une matière naturelle et originale, elle tente de réduire autant que possible les modifications. Offrir cette qualité tant visuelle que durable n’est pas offert. « Il y a beaucoup de difficulté dans l’approvisionnement des matériaux : il est parfois difficile de trouver le bon avec la couleur et la qualité recherchée, tout en s’assurant de sa provenance. » Aux outils manquants, Nofy Rabedaoro et son équipe s’adaptent en les créant également, et ce, que ce soit pour la marqueterie ou l’assemblage de bois, sans en enlever son style. « Nous nous efforçons de montrer une certaine évolution dans nos créations : de cette manière, nous gardons l’âme de nos œuvres, malgré celles qui tentent de nous ressembler. » LA designer insiste sur cette signature peu commune, sans oublier, que faire découvrir son œuvre au grand public a également eu ses bas. « Dans mon parcours de designer, je me souviens avoir créé une lampe en cocon pour un concours à la Chambre de Commerce Internationale. C’était en 2006, j’ai remporté le premier prix, et en allant à l’extérieur, cela a également beaucoup plu. Au début, ce n’est pas toujours évident pour le public » notes et souvenirs de Nofy Rabedaoro alors qu’elle renforce une philosophie de vie envoûtante. « Faites ce qui vous plaît, et essayez de vous surpasser, et de faire mieux, tout le temps ». Designer dans l’âme, chaque œuvre inspire son unicité par un pesant de couleurs, de dévouement, et de style.


Propos recueillis par  Rova Andriantsileferintsoa

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Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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