Ramia : (Re) composer avec la culture malgache
13 octobre 2024 // Arts Plastiques // 5038 vues // Nc : 177

Comment évoquer la culture malgache au milieu des dynamiques qui la tiraillent ? L’artiste plasticien Ramia y travaille avec de l’acrylique sur toile. À l’image de son tableau sans-titre qui fait la couverture du no comment® de ce mois d’octobre, son corpus d’œuvres raconte les dualités autour et à l’intérieur de cette culture à préserver.

Faire l’expérience d’un de ses tableaux, c’est retrouver une horde d’éléments disparates, des associations peu communes. Le tableau réconcilie les influences infographiques jusqu’au hainteny (poème court), en passant par la représentation figurative de personnages et les éléments plus abstraits. L’artiste explique cette bigarrure comme l’addition des différents pas sur son propre parcours. Après s’être formé à l’Ecole des Arts Décoratifs à Nice, Ramia a travaillé dans des agences de communication, une maison d’édition, avant de reprendre la peinture en pleine crise du Covid-19.
Suite à cette trajectoire entre Madagascar, la Réunion et la France, il décide de conjuguer ses acquis autour de la culture malgache. « À la Réunion, j’étais frustré de voir qu’on faisait passer des produits malgaches pour des produits réunionnais, et ceux qui viennent de l’extérieur ne savent pas. Il n’y a pas beaucoup d’éléments visibles de la culture malgache, à part les bas-reliefs zafimaniry et autres, ça reste surtout du décoratif. Je suis donc dans une démarche où je m’accroche à cette idée de préserver et d’approfondir la culture malgache ».

Alors, que disent ces tableaux de cette culture-là ? Son oralité d’abord, traduite par des caractères semi-scripturaux qui ne se prêtent pas à la lecture, à quelques exceptions. « C’est comme être dans une foule où on perçoit des sons, alors on se rend compte dans quel pays on est. Ce sont des murmures dont on n’arrive pas à comprendre les bouts, on capte juste qu’il y a du malgache, et ça m’intéresse ».

À part l’oralité, les tableaux dépeignent aussi les différentes forces qui modèlent la culture malgache: le temps et son usure, le récit eurocentré dans l’Histoire de l’art.

Petite fille brindille
Acrylique sur toile

« Ce qui me plaît beaucoup c’est ce qui a vécu. Pour que ça se voit sur la toile, je joue avec les matières. Je travaille très peu au pinceau, je travaille avec les mains, les empreintes ». Cette idée ne se voit donc pas seulement dans le rendu du travail, mais au cours du travail même. « Laisser des traces, c’est une forme d’obsession. Je joue sur les formes qui apparaissent et disparaissent. J’aime bien quand on se pose des questions devant quelque chose : est-elle en train d’apparaître ou de disparaître ? Je trouve que ça colle tout à fait avec la culture malgache, entre ce qui reste, ce qu’on essaie de préserver, l’alerte de la sirène. Il ne faut oublier le côté malgache car on en a besoin ».

Et bien sûr, qu’est-ce que la culture malgache sans les Malgaches ? Les personnages font partie des éléments essentiels sur les tableaux. La jeune femme sur l’œuvre en couverture du magazine a interpellé le peintre par sa fierté et son indépendance. Peut-on lire en elle une invitation à l’attitude que nous devrions avoir envers notre culture ?

Mpihary Razafindrabezandrina

ramia.madartiste@gmail.com

Acrylique sur toile

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir