Imiangaly « À Mada on est trop dans le copié-collé »
2 octobre 2020 // Musique // 9596 vues // Nc : 129

Avec « Mozikako », son premier album sorti en octobre 2019, Imiangaly n’a eu aucun mal à séduire ses fans. Un opus engagé où elle nous livre ses convictions, ses passions et ses coups de gueule.

« Mozikako » t’a pris dix longues années…
Preuve que je suis une grande perfectionniste (rires). Parmi les dix titres, on trouve Avelao Izahay (Laissez-nous tranquille), ma toute première composition, co-écrite avec Rolf en 2010. Ça parle de ces personnes qui parlent dans ton dos et qui devraient plutôt s’occuper de leurs affaires. On y trouve aussi des chansons de ma composition comme Te, 421 ou Mozikako et deschansons co-écrites avec Naday, j’y interprète également des chansons de Rolf et Naday. Mozikako (Ma musique), parce que je joue tout ce dont j’ai envie, du trip hop, du jazz, du gasy gasy…

Tes racines musicales ?
J’ai toujours vécu dans la musique. Mes parents faisaient du kalon’ny fahiny (l’« opérette malgache ») quand ils étaient à l’Université, ils faisaient bouger le milieu culturel à Toliara. Mon père a également fait des recherches sur le kalon’ny fahiny. Quant au jazz, c’est tout simplement une musique qui me parle. Rolf m’a fait découvrir Prince, moi j’étais plutôt Mickael Jackson. Mais aujourd’hui, je suis dingue de ce chanteur. D’ailleurs, si vous écoutez la chanson Te, les influences de Prince sont explicites. De la même manière que Rolf m’a fait découvrir Prince, je lui ai fait découvrir le kalon’ny fahiny !

Tes débuts avec Rolf ?
Je suis entrée dans le circuit professionnel en 2007 par des comédies musicales. Mais aussi dans le groupe Rolf en tant que choriste, en même temps que je chantais dans des chorales de gospel et que je faisais des animations de piano-bar. Avec les années, une vraie complicité s’est installée entre nous. On se respecte beaucoup. Quand nous travaillons sur ses chansons, je l’aide dans les chœurs et les arrangements. Rolf aime salegy, moi je préfère le placer de façon plus subtile dans mes chansons.

Et en solo ?
Après mes premières compositions, j’ai décidé de suivre une carrière solo en 2011. L’année suivante, un musicien suisse, Stephan Sieber, m’a contactée pour faire un album qui s’intitule Her song. C’est un batteur et un compositeur, mais il ne chante pas. C’est un album international qui a réuni des musiciens originaires de Californie, de Los Angeles, de Madagascar… Il est composé de neuf titres dont huit sont interprétés par Vinx D’Jon Parette et le dernier, par moi. J’étais la voix féminine de cet album.

Vinx aussi t’a marquée…
Une belle amitié s’est nouée entre nous. Il nous a appelés trois pour son festival international Chalabre en Sérénade, en France (des artistes de jazz, rock, pop, soul, blues, chanson française, se produisent pendant une semaine dans ce village du pays Cathare – NDLR). En août 2019, j’y ai chanté a cappella le titre Ry toera-manirery  de Naly Rakotofiringa. J’étais très émue parce que je représentais mon pays. Durant le festival, j’ai pu participer aux ateliers de Vinx qui s’appellent Soul Kitchen. Peut-être ma meilleure expérience musicale !

À Mada, c’est nettement moins stimulant…
Il y a chez nous un vrai manque de créativité, on est toujours dans le copié-collé. Il y a les artistes et ceux qui font divertissement. Et je remarque que nous sommes de plus en plus acculturés. Il faut d’abord connaître sa propre culture si on veut s’accaparer celle des autres… On ne vit pas de sa musique à Madagascar, les artistes n’ont pas de droits et ne sont pas défendus. Quand tes chansons sont utilisées, tu ne reçois quasiment rien. Sans parler du boycott… Mais bizarrement, depuis quelques temps, nos chansons passent à la radio et à la télé. Peut-être parce qu’on a entendu nos cris, notre colère ! J’ai même été nominée pour les RDJ Mozika Awards pour ma chanson 421. Apparemment, ça leur a plu. Heureusement qu’il y a internet et ceux qui achètent nos albums !

Et comme femme ?
Étant femme, mère et entrepreneure, j’ai vécu pleins de choses qui ont fait que je suis devenue féministe, mais à ma façon. Firenena (Nation) vient du mot reny (mère), nous avons été une société matriarcale. Pourtant la femme à Madagascar n’a pas sa place avec ce machisme ambiant… J’apprends à ma fille à être une femme indépendante, ne pas attendre les autres pour s’épanouir.

Tes projets ?
De nouvelles compositions et des vidéos réalisées par nous-mêmes ! Sinon, je suis coach vocal, je transmets ce que j’ai appris de mes expériences et de mes recherches. Des choses pratiques, terre à terre. C’est important de préparer la relève.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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