L'enfant et le tambour de nuit   « Bam » et  « Doom » : le théâtre sur  la scène de la langue maternelle
14 juin 2023 // Arts de la scène // 4740 vues // Nc : 161

L’Enfant et le Tambour de Nuit  amorce ses derniers pas vers la langue malgache. Mise en scène par Fela Razafiarison - comédienne et directrice de la Compagnie Miangaly Théâtre - la pièce de 35 minutes allie texte, rythme, et musique. Texte filé d’imagination, la version malgache sera dévoilée au public d’Antananarivo puis de Madagascar bientôt. Une nouvelle attendue avec roulement de tambour.

L'histoire de « L'Enfant et le Tambour de Nuit » est un de ces contes qui transcendent le public. Elle le plonge au cœur de la nuit pour y révéler son secret : des musiciens cachés dans les étoiles. Jouée par Fela Razafiarison et Tina Rakotondrasoa, la pièce titille l'imagination de son public et l'invite à voir dans les étoiles des musiciens et un joueur de tambour. Ils ne sortent qu'une fois le soleil bien couché et au milieu de la nuit. La pièce destinée au jeune public fait varier la musique et les textes. Les comédiens racontent, en chant et danse, les péripéties nocturnes d'un jeune garçon. La pièce est emplie de bonne humeur et d'un peu de suspense, elle éveille le corps et l'esprit des grands et des petits. De quoi mettre des étoiles dans les yeux.

La pièce  a été écrite par Jean Luc Raharimanana pour Fela Razafiarison. C’est le fruit d’un dispositif Visa pour la Création 2020 et de deux mois de travail au Théâtre Les Bambous à La Réunion. Fela Razafiarison et son coéquipier de scène multi-instrumentiste, Tina Rakotondrasoa, ambitionnent de la jouer dans les écoles primaires et partout à Madagascar. «Nous sommes en train de voir comment approcher les écoles et nous aimerions que les écoles primaires publiques soient ouvertes à cela» confie Fela Razafiarison. Partie du français, l'idée d'offrir une traduction en malgache a commencé à titiller les comédiens.

« C’est Jean Luc Raharimanana, l’auteur lui-même qui va traduire. Forcément, toute la poésie de la pièce sera conservée. Jean Luc manie la langue d’une manière très particulière.» Que ce soit pour les jeunes ou les plus grands, cette étape trace une volonté de contribuer à redonner à l’art et à la culture une place de choix.  Pour la metteuse en scène de L’Enfant et le Tambour de Nuit, l’accès à une pièce de ce genre est vital pour l’épanouissement des enfants et le développement de leur esprit. Fela Razafiarison y couve sa vision : « L’art et la culture font partie de notre identité. C’est par eux que nous pouvons nous épanouir et rayonner en tant que pays, en tant qu’individu, et en tant que communauté. » Comédienne de théâtre depuis 28 ans, elle rappelle la valeur de ces domaines si bien délaissés. « Si dès le plus jeune âge, les enfants n’y ont pas accès, ne nous étonnons pas qu’une fois adultes, ils n’aient pas de repères forts, d’identité bien ancrée. Ils n’ont pas été sensibilisés à ça, ils n’ont presque jamais été amenés à ça.» Pour le mois de l'enfance et de la langue maternelle, elle souhaite toucher le cœur du jeune public par ce texte servi sur un plateau de théâtre. « Je trouve que le cœur de l’histoire arrivera encore plus directement chez beaucoup de gens si c’était aussi en malgache. »

La pièce a connu son premier succès malgache au Cercle Germano-Malagasy le 18 mars 2023 à l’occasion du Rallye Mois Théâtre. Après cette lancée, elle a été jouée une deuxième fois avant de marquer une introduction dans les écoles publiques en mai. Elle sera accueillie en France ce mois-ci dans un festival francophone, puis en tournée à La Réunion en juillet. Pays d’origine, Madagascar aura sa part de tournée, mais au même titre que la langue, la professionnalisation des métiers de l’art, la survie des comédiens, restent un défi. « Cela prend un peu de temps pour Madagascar. Il faut un minimum de cadre autour du métier artistique, nous continuons à construire cela petit à petit. »  La pièce aura également une version anglaise, toujours dans la même lignée de toucher le maximum de personnes et ouvrir les possibles. Fela Razafiarison, aujourd’hui à la tête  de la Compagnie Miangaly Théâtre, se donne le défi de créer des projets encore plus accessibles et ouverts au grand public. L’Enfant et le tambour de nuit se fait le premier écho de ce grand dessein, notamment pour le jeune public.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - La fierté en prolongations

Lire le magazine

La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

No comment Tv

Interview - Ep.Sandy.N - Septembre 2025 - NC 188

Découvrez 𝐄𝐩.𝐒𝐚𝐧𝐝𝐲.𝐍 dans la rubrique CULTURE du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, NC 188 - septembre 2025. Ayant commencé en 2008, 𝑬𝒑.𝑺𝒂𝒏𝒅𝒚.𝑵 s’est peu à peu fait un nom dans le domaine de la peinture à Tana. Peintre-portraitiste, il se démarque de ses pairs en réalisant des portraits de célébrités allant d’Albert Einstein à Marylin Monroe, en passant par Jimi Hendrix ou encore Jaojoby. Mais il est surtout connu pour avoir interprété – à sa manière – la très célèbre Joconde de Léonard de Vinci. Ici, il s’agit de La Joconde à Tana.

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir