Diana Chamia Anjarasoa « Un bijou, c’est toute une histoire »
9 octobre 2022 // Mode & Design // 1639 vues // Nc : 153

Sous la marque Vangovango Gasy, Diana Chamia Anjarasoa ambitionne de faire rayonner le bracelet ancestral, le « vangovango » emblématique de l’île, et la joaillerie malgache en général. Réalisés à la main par des artisans bijoutiers locaux, ses créations veulent être du patrimoine avant d’être des parures.

Elle a fait partie des 50 finalistes des Africa’s Business Heroes 2022, concours organisé par la Fondation Jack Ma (Alibaba Group) pour promouvoir la nouvelle génération d’entrepreneurs africains.
Elle, c’est Diana Chamia Anjarasoa, une jeune femme qui se définit à part égale comme créatrice de bijoux et entrepreneuse.
Plus exactement, c’est en voulant vivre pleinement de sa créativité qu’elle a quitté le monde de l’entreprise pour créer la sienne. « Après avoir obtenue mon Bac S à Antsiranana (Diego-Suarez), j’ai continué mes études à Paris grâce à une bourse d’étude. De là, j’ai passé une licence en Science de la communication à l’Université de Paris 13 puis un Master de Web business developer au Campus Fonderie De l’image, une des écoles d’art numérique les plus réputées de Paris. Comme j’étudiais en en alternance, cela m’a permis d’avoir aussi un pied en entreprise et de me former professionnellement tôt. »

En 2018, elle décide de voler de ses propres ailes en créant Vangovango Gasy, en référence au bracelet emblématique de Madagascar. Ce bijou en forme de jonc, généralement fabriqué en argent, est différent selon les régions. À l’époque coloniale, il était même fabriqué avec des anciennes pièces de 5 francs en argent. « Le vangovango vient du nord de Madagascar, c’est pour cela qu’on dit vangovango sakalava. Je suis concernée, car cela vient de chez moi ! Je me suis donnée comme mission de faire connaître son histoire mais aussi de faire briller le vita malagasy (savoir-faire malgache) dans le monde de la joaillerie. » Et de rappeler que dans la culture animiste ancestrale, le vangovango avait une dimension surnaturelle, agissant comme lien entre les mortels et les razagna (esprits des ancêtres) pour qui le portait, notamment lors de cérémonies.

« Je veux que les gens prennent conscience que les bijoux sont un patrimoine et non pas seulement des objets de mode. » Si elle reproduit fidèlement les vangovango les plus classiques, elle n’hésite pourtazt pas à innover en proposant des modèles de bracelets originaux, inspirés de ses voyages et de ses rencontres, à Madagascar ou ailleurs. « Je visite les musées, j’adore les vide-greniers de Paris comme les marchés de Diego. Je couche tout sur le papier : le choix des matériaux, le grammage de l’argent ou de l’or, la taille des pierres, et je commande un prototype à des artisans. Si le prototype correspond à l’idée de départ, on lance la communication en ligne et on commence la fabrication. »

Parmi ces modèles phares, on retrouve évidemment le vangovango sakalava en argent plein, mais aussi le pendentif Bouddha or 18 carats et jade et la bague Infinity. S’en remettant prioritairement aux artisans locaux, c’est l’ensemble de l’artisanat malgache qu’elle veut mettre en valeur, sans pour autant minimiser les difficultés que rencontrent les créateurs. « Entreprendre à Madagascar n’est pas facile. Il manque encore des incubateurs ou de centres d’accompagnement alors que nous avons du potentiel. Il faut tendre la main aux jeunes qui ont des idées et qui portent en eux le développement du pays. »


Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Lire

4 février 2025

Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Du 1er au 28 février, la galerie IKM Antsahavola présente Tohy, la deuxième exposition individuelle de l’artiste Haga Nisainana. Porté par l’univers m...

Edito
no comment - Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Lire le magazine

Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Au sud-est de Madagascar, au cœur d’une biodiversité unique et menacée, s’étend la forêt de Tsitongambarika.
Cette forêt tropicale, l'une des dernières de l'île, couvre environ 60 000 hectares et est classée comme Zone Clé pour la Biodiversité (ZCB). Elle abrite une richesse écologique inestimable avec des espèces endémiques que l'on ne trouve nulle part ailleurs : des lémuriens rares, comme le propithèque à front blanc ( Propithecus diadema ), et des oiseaux emblématiques tels que le foudi de Madagascar (Foui madagascariensis). Chaque année, des hectares de forêt disparaissent pour faire place à des cultures de subsistance ou à l'exploitation illégale du bois, en particulier les essences précieuses comme le palissandre et l’ébène. Les feux de brousse utilisés pour l'agriculture sur brûlis aggravent encore la destruction de cet écosystème. Mais ces menaces ne sont pas irréversibles. La préservation de la forêt repose en grande partie sur l’implication des communautés locales qui vivent à proximité. Face à la déforestation, à l’exploitation forestière illégale et à l’extension agricole, une lueur d’espoir émerge grâce à ces "gardiens de la forêt" : des communautés locales mobilisées pour protéger cet écosystème exceptionnel. Leur travail, souvent méconnu mais essentiel, est une preuve vivante que des solutions locales peuvent avoir un impact global. La forêt de Tsitongambarika est un symbole de résilience et de coopération. Un reportage photographique réalisé par Safidy Andrianantenaina dans la rubrique Grand Angle (p.44) du magazine.

no comment - mag no media 09 - Janvier 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Taom-baovao

Taom-baovao, présentation de la programmation culturelle 2025 de l'IFM à Analakely, le samedi 18 janvier.

no comment - Taom-baovao

Voir