A’Kalo : Mamie blue
2 octobre 2022 // Musique // 7795 vues // Nc : 153

Damy Govina chante en tandroy, le dialecte du Grand Sud qu’elle estime trop souvent négligé et moqué par les élites. Au-delà, c’est les rythmes du Sud enrichis au « galeha midero » qu’elle remet à l’honneur, réponse à une époque qu’elle juge hyper-formatée.

Mère célibataire et journaliste, Damy Govina a trouvé depuis toujours un refuge dans la musique. Un départ de vie, il est vrai, assez difficile. « Je suis polyglotte mais j’ai appris le français grâce aux bouteilles en plastique que les gens jetaient... Si je ne m’étais pas autant battue dans ma vie, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. » Mamie, par exemple, estune chanson purement autobiographique, comme toujours dans son répertoire : « Je l’ai écrite en 2016 en hommage à ma grand-mère, mais aussi à ces mères qui doivent élever seules leurs enfants, qui essayent d’être les meilleures mamans du monde dans un environnement souvent dramatique. Mon père est mort à 29 ans et c’est ma grand-mère qui nous a élevés. Je ne suis pas issue d’une famille riche, nous dormions dans le marché d’Analakely à Mahajanga, où nous avons survécu à deux cyclones. »

Née d’une mère Tsimihety et d’un père Antanadroy, Damy Govina est revenue vivre à Madagascar après avoir vécu cinq ans aux Comores. Plutôt que de suivre la « filière » française, elle a préféré revenir au pays pour en apprendre un peu plus sur ses origines et sa culture. « En intégrant le milieu journalistique, j’ai remarqué qu’il y avait peu de sujets sur la culture malgache. Par exemple, j’écrivais sur le havoria, une tradition des tribus Mahafaly et Antandroy, mais le rédacteur en chef de l’époque ne semblait pas intéressé. Je me suis sentie exclue. » Elle commence alors à faire ses recherches et collabore avec des associations engagées dans la diversité culturelle.

A’Kalo, son nom de scène, signifie « mortier », « ciment », ce qui permet de recoller les morceaux. Son style s’inspire plus précisément du galeha, des jeux vocaux pratiqués par les jeunes bouviers de l’Androy qu’elle mélange avec des rythmes traditionnels pour donner le galeha midero. « Je veux créer une nouvelle forme d’expression musicale. Les Malgaches sont tous un peu mélomanes, mais on assiste à une déperdition de cet héritage culturel. Sans parler de ces ados qui n’écoutent que des trucs hyper-formatés en anglais. » Raison pour laquelle tous ces textes sont en tandroy. « C’est le dialecte le plus mal compris à Madagascar, aussi négligé que stéréotypé. Dans mes clips, je mets toujours des sous-titres pour que les gens apprennent et comprennent. Tous les dialectes devraient figurer dans l’enseignement malgache. »


Aina Zo Raberanto

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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