La face cachée de l'industrie du Mica.
15 août 2023 // Photographie // 482 vues // Nc : 163

Madagascar occupe la troisième place mondiale en tant que producteur de mica. Ce minéral silicaté, qu'il soit blanc, noir ou ambré, est largement utilisé dans les industries automobile, téléphonique, aéronautique, ainsi que dans le cosmétique et la peinture, en raison de sa résistance aux fortes chaleurs.

Cependant, cette industrie a une réalité sombre dissimulée, car elle exploite des milliers d'enfants à Madagascar, en particulier à Ambia, un ancien site minier de mica exploité par les colons français d'antan, dans le district d'Ambovombe Androy, au sud de l'île, à 237 km au nord de la ville d'Ambovombe. Les conditions de travail dans ces mines sont extrêmement difficiles, mais les familles n'ont souvent pas d'autre choix que de travailler dans ces conditions pour subvenir à leurs besoins. L'extraction du mica est devenue leur principale source de revenus face à la montée de la pauvreté aggravée par la sècheresse.

Malheureusement, les enfants sont également contraints de devenir des "mineurs", abandonnant ainsi leur scolarité pour accompagner leurs parents dans cette quête désespérée de survie. Exposés à la chaleur accablante et sans aucune protection, les mineurs, qu'ils soient adultes ou enfants, sont constamment enveloppés de poussière, ce qui peut entraîner des maladies graves telles que la pneumoconiose. Un des travailleurs a décrit ses douleurs de picotement permanent dans les poumons suite à son exposition continue à la poussière. Les risques sanitaires sont considérables, et les effondrements des galeries souterraines constituent une menace fréquente pour la sécurité des mineurs.

Afin de lutter contre le travail des enfants dans cette industrie, le projet "Madagascar Shines", soutenu par le Département Américain du Travail (DOL) à hauteur de 4,5 millions de dollars, s'engage à fournir des services éducatifs à 1 800 enfants et des moyens de subsistance à 2 200 adultes dans la région d'Anosy.

Ce reportage de 13 photographies, réalisé en plein territoire des Dahalo, est une dédicace à tous ces enfants oubliés, dont les voix demeurent étouffées dans l'obscurité des mines de mica.

Les visages cachés de l'industrie du mica.

Le mica extrait par ces enfants finira par embellir les visages sous forme de maquillage, illuminera nos appareils électroniques et donnera de l'éclat aux peintures de nos maisons. Ironiquement, ce sont peut-être ces mêmes enfants exploités qui, avec le mica tant convoité, prépareront le terrain pour l'exploration spatiale, peut-être même jusqu'à Mars.

Les cartables laissés pour des tamis.
Les enfants d'Ambia, n'ayant d'autre choix que de suivre leurs parents dans les dangereuses mines de mica, ont vu leurs rêves d'éducation s'évanouir. À la place des livres et des cahiers, ils manipulent désormais des tamis rudimentaires faits de demi-bidons jaunes percés de multiples trous.

Un visage se dévoile, celui de Mandimbesoa.
À l'âge tendre de 16 ans, Mandimbesoa incarne le visage d'une réalité sombre dans l'industrie du mica. Comme tant d'autres enfants, elle travaille sans relâche, ramassant, tamisant et nettoyant les éclats de mica sans protection ni équipement de sécurité.

Un visage se dévoile, celui de Mandimbesoa.
À l'âge tendre de 16 ans, Mandimbesoa incarne le visage d'une réalité sombre dans l'industrie du mica. Comme tant d'autres enfants, elle travaille sans relâche, ramassant, tamisant et nettoyant les éclats de mica sans protection ni équipement de sécurité.

Une affaire de famille
Lambolahy, 50 ans, père de Mandimbesoa et son frère Leonard 60 ans, étaient tous deux agriculteurs avant de devenir mineurs. En 2017, Lambolahy avec sa femme et leurs cinq enfants sont arrivés à la mine d'Ambia. À cette époque, Mandimbesoa n'avait que 12 ans.

La mère de Mandimbesoa.
En 2017, avec son mari Lambolahy et leurs cinq enfants, ils sont arrivés à la mine d'Ambia. À cette époque, Mandimbesoa n'avait que 12 ans.

Entre Peur et Courage.
Lambolahy, âgé de 50 ans, d'une voix chargée d'émotion, confie qu'il vit dans la peur constante à chaque fois qu'il pénètre les galeries souterraines de la mine.

Remonter le butin
Enfoui à 22 mètres sous terre, Lambolahy travaille sans relâche tandis que Mandimbesoa et son frère remontent précieusement le butin extrait par leur père. Ensemble, ils extraient les éclats scintillants de mica, qui seront ensuite vendus à un prix dérisoire de 0,70 dollars US/Kg. Ce prix sera gonflé de près de 500 fois au moment où il quittera Madagascar.

Un repas par jour
Les débris de mica de petite taille sont vendus à environ 0,10 dollars US/kg, et même les déchets font l'objet d'un tri minutieux. Dans ces conditions difficiles, une personne gagne en moyenne seulement 0,70 dollars US par jour, ce qui est à peine suffisant pour un repas.

La taille compte
Les grandes plaques de mica sont hautement recherchées en raison de leur utilisation dans la fabrication des vitres d'écran pour téléphones, tablettes et ordinateurs. Les résidus de mica, quant à eux, sont utilisés dans nos cosmétiques et peintures.

La taille compte
Les grandes plaques de mica sont hautement recherchées en raison de leur utilisation dans la fabrication des vitres d'écran pour téléphones, tablettes et ordinateurs. Les résidus de mica, quant à eux, sont utilisés dans nos cosmétiques et peintures.

Je n'ai pas d'avenir, j'ai juste mon tamis

Un sombre destin sous terre
Les enfants s'attellent à ramasser, tamiser et nettoyer les éclats de mica, tandis que les adultes errent dans les tunnels souterrains, dépourvus de lunettes ou d'équipement de sécurité. Une fois qu'ils grandiront et gagneront en force physique, leur destin les forcera à creuser à leur tour les galeries.

Texte et photos Safidy Andrianantenaina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Inauguration de la ONY HOUSE à Ambatobe

Lire

21 octobre 2024

Inauguration de la ONY HOUSE à Ambatobe

ONY HOUSE soutenue par le Projet Ony fondé par Orelsan et Ahélya Randriambolaina a été inauguré le samedi 19 octobre. Situé à Ambatobe, la ONY HOUSE e...

Edito
no comment - Non à la violence psychologique

Lire le magazine

Non à la violence psychologique

Selon l’UNICEF, 80% des enfants malgaches sont exposés à l’abus émotionnel considéré comme une violence invisible. L’agression psychologique se déroule le plus souvent à la maison. Les parents ont parfois recours à cette technique en tant que mesure disciplinaire. Mais, il arrive également que ce soit un acte exercé par les enseignants ou les autorités. Malgré l’existence d’un numéro vert pour signaler les cas de violence, la plupart des enfants ou des adolescents vivent en milieu rural. L’accès à l’électricité, au service de protection des enfants ou des centres d’écoute est restreint. Raison pour laquelle l’association Omena (p.54) fondée par Francesca Raoelison veut former des éducateurs communautaires à prévenir l’abus émotionnel - difficile à détecter - à travers l’apprentissage socio-émotionnel. Elle met en place des sessions de sensibilisation ou des formations pendant six mois, car il faut savoir que l’abus émotionnel est encore un sujet tabou dans la société malgache.

no comment - mag no media 06 - Octobre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Festival Temps Fort Danse

La deuxième édition du Festival Temps Fort Danse s’est déroulée à Tana du 28 août au 14 septembre.Photos : IFM

no comment - Festival Temps Fort Danse

Voir