Koezy « Ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à notre culture »
1 avril 2022 // Musique // 8678 vues // Nc : 146

Après des années de silence, le groupe Koezy a fait son grand retour sur la scène du no comment® bar à Isoraka en mars dernier. Une formation traditionnelle qui veut transmettre les valeurs fondamentales, quitte à moderniser un peu l’approche pour toucher le plus grand nombre.

Alamino (Apaiser), extrait de l’album Ma Liberté (2005), est un des titres qui les a faits connaître et leur a permis de faire une tournée internationale pendant cinq ans en Chine. À leur retour à Madagascar, le groupe a eu quelques coups durs. « Tout a changé ! Nous avons fait des enregistrements et pensions sortir d’autres albums mais le studio Mars a fermé après le décès du propriétaire. De plus, il faut payer les médias pour que nos chansons soient diffusées. Avec internet, l’album physique ne marche plus donc il faut trouver des alternatives », explique Liva, membre fondateur et seul homme du groupe, accompagné de Natacha, Eléonor et Mina (et parfois de Solo à la basse et Alfred à la guitare acoustique). Originaire du nord-ouest de Madagascar, dans la région Boeny, le groupe Koezy puise son inspiration dans les musiques traditionnelles. Les membres remettent au goût du jour les différentes façons de chanter comme l’antsa, sorte de louange entonnée lors des cérémonies, ou encore le jijy, un art oratoire qui est considéré – à Mada du moins - comme l’ancêtre du rap. Mais ils explorent également les autres rythmes, notamment le baoejy, une danse du nord accompagnée par l’accordéon, ou le kabosy et le goma autrement dit, le salegy.

Leur plus grand défi est de parvenir à transmettre ce patrimoine musical à la future génération. « C’est bien dommage de voir que ce sont surtout les étrangers qui reconnaissent la valeur de notre culture.  Nous avons 18 ethnies avec chacune sa richesse culturelle que nous voulons mettre en valeur. Malheureusement, les malgaches eux-mêmes ne se rendent pas comptent de ce trésor. Nous avons donc décidé d’aller un peu vers le tropical mais en gardant notre authenticité, c’est-à-dire les danses, les battements des mains qui donnent le tempo, et surtout les tenues comme le lambahoany et le masojoany (bois de santal). Tout cela constitue notre identité. » Pour apporter plus de « modernité » à sa musique, la bande à Liva a rajouté des instruments comme la guitare et la batterie.

Les textes expriment des revendications sociales, interpellent sur la vie. « Nous faisons passer des messages d’amour, de paix, de réconciliation. Par exemple, dans le titre Sky Part, nous voulons exprimer l’unité. Le ciel est notre toit à tous, il ne devrait pas y avoir de discrimination, nous sommes tous un sur cette terre. » L’une des spécificités de cette formation est aussi de donner la place aux femmes. « Au départ, notre désir, était de créer un groupe 100 % femmes, que ce soit au chant, à la danse mais aussi à la batterie, à l’accordéon ou à la guitare. En fait, toutes les mpiantsa (chanteurs) sont des femmes. » Le groupe porte bien son nom puisque koezy signifie « bénédiction » ou « respect. ». Respect donc.


Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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